Résumé de la 18e partie - Mme Boitard ne semble pas apprécier l'infirmière... Après son départ, mon cabinet était imprégné d'un parfum subtil, pénétrant, tenace surtout... Un parfum qui devait plaire à l'amant, le beau lieutenant des Eaux et Forêts... Charmante Mme Boitard, qui laissait dans son sillage ce parfum de femme adultère... Marcelle entra. Les consultations étaient terminées. - «Qu'est-ce que vous faites, Marcelle ?» - «J'aère, docteur, en ouvrant cette fenêtre ! Vous ne sentez pas cette odeur qui monte à la tête ?» - «Le parfum de Mme Boitard ? Il ne me déplaît pas... Vous ne devez pas aimer beaucoup les parfums, vous, Marcelle ?» - «Je les ai toujours eus en horreur, docteur», répondit-elle en refermant la fenêtre avec mauvaise humeur. - «Vous devez préférer l'odeur des médicaments, ce parfum des cliniques ?» Elle ne répondit pas. - «Dites-moi, Marcelle, au moment où va s'achever cette première journée, pensez-vous que vous vous habituerez à votre nouvelle existence ?» - «Mais certainement, docteur !» - «Asseyez-vous... Je voudrais vous poser une petite question quand votre travail était terminé à l'Institut du Cancer, qu'est-ce que vous faisiez pour vous détendre l'esprit, pour vous changer les idées et ne plus penser à toutes les horreurs que vous aviez vues ?» .- «Rien, docteur... Pourquoi aurais-je cherché à m'évader de mon métier ? Je profitais au contraire de ces heures de liberté pour continuer, selon un plan très personnel, les études de médecine que j'avais dû interrompre pour des raisons indépendantes de ma volonté après la mort de mon père.» - «Vous auriez voulu être doctoresse ?» - « Oui, malheureusement après mon année de P.C.N. - qui, pour votre génération, s'appelle maintenant le P.C.B. - et mes deux premières années d'études, j'ai dû abandonner pour gagner ma vie comme infirmière. Aussi ai-je essayé de rattraper plus tard, tant bien que mal, les cinq années qui m'ont manqué au départ.» - «Je suis persuadé que vous auriez fait une remarquable doctoresse.» - «Merci, docteur, mais il faut aussi des infirmières diplômées, n'est-ce pas ?» La sonnerie du téléphone interrompit notre conversation. C'était un horticulteur des environs qui me demandait de venir d'urgence : sa jeune femme, enceinte depuis neuf mois, venait d'entrer dans les grandes douleurs. Je promis de partir immédiatement et dis, après avoir raccroché le récepteur : - «Je crois, Marcelle, que vous dînerez seule ce soir... Ne m'attendez pas. J'ignore à quelle heure je rentrerai.» - «Voulez-vous que je vous accompagne, docteur ? J'ai aussi mon diplôme de sage-femme.» - «Non. Tout se passera bien. La mère est en excellente condition physique... Je préfère que vous restiez ici pour assurer la permanence au téléphone. S'il y avait un cas urgent, vous saurez où m'appeler : voici le numéro de l'horticulteur, M. Servais. Bonsoir.» (A suivre...)