Résumé de la 20e partie - Le médecin est appelé par M. Servais dont la femme est sur le point d'accoucher... Au fond, j'étais enchanté. Je bénissais l'accouchement de Mme Servais qui avait été pour moi un excellent prétexte de départ : j'appréhendais un nouveau tête-à-tête avec l'étrange créature. La nuit était déjà tombée quand je sortis ma voiture du garage. J'ai toujours aimé rouler la nuit... N'est-ce pas la destinée de la plupart des médecins appelés à n'importe quelle heure ? La propriété des Servais se trouvait à une dizaine de kilomètres sur la route du Mans... Une route que j'évitais de prendre, à moins de ne pas pouvoir faire autrement, surtout de jour : elle passait devant la grille d'entrée du château et longeait ensuite le mur clôturant le parc pendant deux bons kilomètres. Je craignais toujours de rencontrer la châtelaine, celle qui continuait, dans mon cœur, à n'avoir qu'un prénom : Christiane. Et cependant je savais bien que mon ancienne fiancée portait le nom de celui qu'elle avait épousé pendant ma captivité en Allemagne : un certain M. Triel... Celle que j'appelais autrefois «ma» Christiane était devenue Mme Triel ! Son mari avait su se montrer discret puisqu'il était mort un an après le mariage, emporté par une étrange maladie contractée, disaient les gens du pays, aux colonies. Christiane s'était retrouvée jeune veuve, propriétaire du plus beau château de la région et à la tête d'une grosse fortune. D'où venait-elle, cette fortune de son époux ? De plantations qu'il possédait en Afrique équatoriale, affirmaient les gens... En réalité, personne, dans le pays, n'avait jamais très bien compris ce mariage ! N'étions-nous pas déjà de grands amis d'enfance, Christiane et moi ? Elle habitait, à cette époque, la maison voisine de la nôtre, sur la route d'Alençon. Et il n'était pas question alors du château ! Christiane, orpheline, était élevée par l'une de ses tantes paternelles, personne assez austère dont ni elle ni moi n'avons conservé un très bon souvenir... Ma jeune amie venait passer des après-midi entiers avec moi dans le grenier de ma vieille maison c'était la joie complète. Nous grandîmes... A chaque fois que je revenais de Paris, où se poursuivaient mes études à la faculté de médecine, je retrouvais Christiane avec joie. A dix-neuf ans, elle était devenue la plus jolie jeune fille que l'on pût voir. Quand nous n'étions encore que des enfants, nous avions échangé le serment de nous marier plus tard, mais au moment où je me retrouvais en présence d'une adorable jeune fille, j'étais assez intimidé : je n'osais plus renouveler ma demande en mariage enfantine... Ce fut elle qui vint spontanément à mon secours un dimanche de juin pendant que nous faisions une promenade en barque sur la rivière. Je l'entends encore me demander : - «Denys, as-tu oublié la promesse que nous nous sommes faite dans le grenier ?» - «Comment voudrais-tu que je l'aie oubliée, Christiane, quand je te retrouve, à chacun de mes retours ici, plus adorable que jamais J'aimerais tant que tu deviennes ma femme..» (A suivre...)