Dans la symbolique des parties du corps, le ventre représente la gIoutonnerie : aussi bien l'arabe kerch que le berbère a'abud sont pris comme les symboles de l'insatiabilité et de la gourmandise : ghelbu kerchu signifie «il ne domine pas ses appétits», «il n'arrête pas de manger», d'où, pour les gloutons, des noms composés pour les désigner : bukerch et bu'abud (homme au gros ventre) avec, dans les deux langues, les féminins correspondants. Comme dans les autres cultures, on considère que la gourmandise est un vilain défaut : on lui oppose la sobriété ou, pour employer le terme précis, Iqana'a, c'est-à-dire le contentement de ce que l'on a, le fait de ne pas demander plus que ce dont on a besoin. Le ventre c'est aussi la cupidité, l'égoïsme, le refus de partager ce que l'on a avec ceux qui n'ont rien : «Al-kerch al chab'âna ma tedri bel dji'âna», dit le proverbe (Le ventre rassasié ne connaît pas le ventre affamé). Le même proverbe se retrouve en berbère : «A'âbud' yarwan ur yettru ara f win yelluz'an» (Le ventre rassasié ne pleure pas sur le sort de celui qui a faim). On relève quand même un sens positif du mot ventre : celui de «ventre maternel» et par extension d'affection, d?amour. Lkerch elli datna, signifie «le ventre qui nous a portés» pour rappeler les liens qui doivent unir les proches : douceur, affection, union, générosité. Un proverbe kabyle dit, à propos du ventre maternel : «Je partagerai tout avec la femme du frère de mon mari, sauf ce que mon ventre a engendré.» En effet, les enfants ne se partagent pas comme on partage les chambres d'une maison ou les terrains...