Parcours - Kamel Abdat, originaire de Tizi Ouzou, fait partie de la nouvelle scène algérienne, c'est une révélation de l'humour algérien – il a été découvert lors de l'émission concours d'humoristes locaux «Kahwet El Gusto» de la chaîne El-Djazaïria (une sorte de café théâtre), dans laquelle il est finaliste. Kamel Abdat est la nouvelle figure montante du one man show algérien qui, depuis une année, connaît un grand succès à la télévision. Il cartonne. Ses shows sont visibles sur Youtube. S'exprimant sur son parcours, Kamel Abdat raconte : «J'ai commencé le théâtre, au primaire pour me débarrasser de ma timidité. Puis je me suis mis à écrire mes propres pièces et mes sketchs au lycée où j'ai créé ma première troupe. A l'université, j'ai fondé Tarwa n Kateb Yacine, une troupe de jeunes que je dirigeais et qui jouait mes propres pièces inspirées du théâtre populaire katébien. C'est aussi à l'université que j'ai joué mes premiers monologues. Mais ma carrière a réellement démarré en 2005, lorsque j'ai participé à l'émission «Tiqubac» (Les pioches), sur les ondes de la Chaîne II. J'ai animé par la suite beaucoup d'autres émissions. J'ai aussi participé à quelques séries kabyles ‘Ahlil-Ahlil Chaâvane di Remdan...'. J'ai ensuite intégré le théâtre régional de Kateb-Yacine. Plus tard, j'ai entamé l'aventure de Kahwet El Gusto où j'ai joué la plupart de mes sketchs, pour la première fois, en arabe. C'est cette émission qui m'a donné l'occasion de jouer pour le grand public des sketchs destinés à la scène.»A la question de savoir la raison qui l'a motivé à faire de l'humour, Kamel Abdat répondra : «En fait, je n'ai pas choisi l'humour, c'est lui qui m'a choisi. J'ai commencé à faire des sketchs à la radio en 2005. Avant, j'ai beaucoup travaillé les sketchs en kabyle, et depuis l'année 2012, je les ai adaptés en arabe dialectal. J'ai toujours travaillé dans et sur l'humour.» De l'avis de certains, Kamel Abdat est vu comme le fils spirituel de Mohamed Fellag. «C'est Fellag qui m'a donné envie de faire ce métier», dit-il, et d'ajouter : «Je ne peux donc nier une filiation artistique à Fellag, car le premier monologue que j'ai vu, enfant, c'était celui de Fellag. Mes premiers sketchs s'en inspirent d'ailleurs fortement.» Toutefois, Kamel Abdat, qui a appris à aimer le théâtre et l'écriture dramatique très jeune et ce, grâce à Mohand Ouyahia, explique qu'il ne cherche aucunement à imiter Fellag ou marcher dans les pas de ce dernier. Et d'expliquer : «Je travaille au fil de mes expériences de manière à forger mon propre style, ce que j'ai réussi d'ailleurs à faire.»Celui qui adore diversifier ses sketchs (L'école, La plage, Le zapping...) en interprétant des personnages différents et déjantés (Nna Hedjila, Katia, Mohand Amokrane, Dahmane Harnane...) est de l'avis de ceux qui pensent que l'on a une culture de l'humour, donc du rire. «Oui, on en a, on a beaucoup d'humour», affirme-t-il, et de déplorer toutefois : «Mais c'est assez difficile d'en faire dans le sens où il y a beaucoup d'idées reçues, il y a beaucoup de contraintes, de tabous culturels, d'interdits politiques, il y a beaucoup de choses qu'on ne peut pas dire ; il y a beaucoup de barrières.» - Kamel Abdat, qui estime que l'Algérien a beaucoup d'humour et que le public algérien adore l'humour, regrette aussi que l'humoriste algérien soit dépossédé de ce qui peut lui permettre d'évoluer. En outre, il précise : «Il n'y a pas assez de canaux pour s'exprimer : pas assez de chaînes de télévision, pas assez de théâtre – surtout les cafés théâtres –, pour pouvoir nous produire et sortir de l'ombre.»Ainsi, les difficultés rencontrées sur le terrain sont nombreuses : liberté d'expression, manque d'espace, de formation ou d'encadrement par des professionnels. «La plupart des comédiens (et humoristes) algériens n'ont pas de formation, parce qu'il n'y a pas d'école», souligne Kamel Abdat. Pour lui, le public algérien a droit à l'humour seulement dans certaines occasions. «Faire de l'humour chez-nous, c'est juste pendant le ramadan, et après plus rien, alors que l'humoriste doit se produire toute l'année en donnant des spectacles.» S'exprimant par ailleurs sur la question si l'Algérien rit ou pas assez, Kamel Abdat, pour qui le rire donne la joie de vivre, cette envie d'avancer, voire de dépasser les limites, dira : «Il rit certes, mais pas assez. On a besoin de plus d'humour et dépasser l'humour du premier degré, l'humour moralisant ; on a besoin d'un humour sans tabou qui s'exprime en toute liberté ; on a vraiment besoin d'un humour neuf et inédit qui nous apporte autre chose de ce qu'on a l'habitude de voir.»