La justice chinoise a prononcé hier six nouvelles peines de mort contre des émeutiers d'Urumqi, portant au total à 12 le nombre de condamnations à la peine de mort, plus de trois mois après les troubles meurtriers dans la capitale du Xinjiang (nord-ouest). Trois des six condamnations à mort ont été assorties d'un sursis de deux ans (peine commuée en prison à vie en cas de bonne conduite), selon un communiqué du gouvernement du Xinjiang, région ensanglantée début juillet par les pires émeutes interethniques en plusieurs décennies en Chine. Trois autres accusés ont été condamnés à la prison à vie et cinq à des peines de prison par un tribunal d'Urumqi, a précisé le texte. La majorité des condamnés de jeudi ont des noms à consonance ouïghoure, deux sont des Hans, dont l'un est condamné à la peine capitale pour avoir tué un Ouïghour le 7 juillet, deux jours après les émeutes. Le porte-parole du Congrès mondial ouïghour (CMO), représentant la dissidence en exil, Dilxat Raxit, a dénoncé dans un communiqué des procès « politiques », qui « ne respectent pas la loi ». Selon lui, les accusés n'ont pas eu le choix de leurs avocats et, de plus, n'ont pas eu le temps de préparer leur défense. Au Xinjiang, une partie de l'ethnie majoritaire ouïghoure, musulmane et de langue turque, dénonce la discrimination religieuse et culturelle dont elle fait l'objet sous couvert de lutte antiterroriste et la présence accrue de Hans, venus du reste de la Chine dans le cadre de la politique de développement économique de cette région autonome située aux confins de l'Asie centrale. Au moins 197 personnes avaient été tuées lors des émeutes du 5 juillet, principalement des Hans. Les jours suivants, ces derniers s'étaient vengés, lançant des expéditions punitives contre des Ouïghours. Lundi, le tribunal d'Urumqi avait commencé à juger les 21 premiers inculpés pour meurtres, incendies volontaires, vols et vandalisme, prononçant six premières condamnations à mort. Selon les médias officiels, environ 700 personnes avaient été interpellées et le numéro un chinois Hu Jintao, qui s'était rendu au Xinjiang, avait promis une sévérité exemplaire pour les auteurs de crimes.