Racisme - Alors que le bilan final fait état de 10 gardiens tués (dont 9 lors de l'assaut, tués par la police) et de 29 prisonniers, médias et politiciens, dans un premier temps, désignent la communauté noire comme bouc émissaire dans une tentative de cacher la bavure... Ce qui provoquera un tollé, notamment parmi les organisations de protection des droits des Noirs américains Ainsi, les premières déclarations officielles, mais aussi de certains médias sont particulièrement mises à l'index. En effet, les premiers jours, tous s'accordent à faire porter le chapeau aux seuls détenus. Et c'est en usant de propos carrément racistes que certains officiels s'en sont pris aux mutins certains évoquant même «la sauvagerie africaine qui refait surface». Un responsable a même dit que cela n'aurait jamais pu arriver dans une prison surpeuplée de blancs. Certains médias abondant dans ce sens, ont rapporté que les prisonniers avaient égorgé plusieurs otages – un journal a, par exemple, titré «J'ai vu des gorges ouvertes». Tout cela a été contredit par les expertises médicales. Mais le mal était fait et les haines raciales qui sévissaient encore dans ce pays, ont vite fait de refaire surface. D'autant que la question raciale est souvent considérée comme à l'origine de l'émeute. En effet, sur environ 2 300 détenus (dans une prison prévue pour 1 600), 54% Afro-Américains et 9% originaires de Porto Rico alors que les 383 gardiens en chef étaient Blancs. Des rapports antérieurs avaient établi que les gardiens étaient ouvertement racistes et frappaient régulièrement les prisonniers avec leurs bâtons qu'ils appelaient «matraques à nègres». Le militantisme noir était alors à son apogée et plusieurs prisons avaient transféré des militants noirs à Attica. Seulement quelques jours auparavant, le militant des Black Panthers George Jackson était mort des mains des gardiens de la prison d'Etat de San Quentin, en Californie, ce qui avait accru la tension raciale. Cette émeute a révélé que le racisme du système pénitentiaire concernait aussi les prisons des Etats du Nord que beaucoup pensaient exemptes de racisme. Elle a eu pour conséquence la nécessaire amélioration du sort des détenus appartenant aux minorités qui souvent étaient devenues majoritaires dans les prisons correctionnelles d'Etat à travers les Etats-Unis. D'autres médias ont vite fait de faire toute la lumière sur l'état des prisons aux Etats-Unis pendant les années 1960 et 1970. Elles ont aussi mis en évidence le fonctionnement raciste du système pénitentiaire américain et le fanatisme des gardiens... Lire demain : «Etats-Unis : attentat contre la prison d'Alban»