Rencontre - C'est l'événement de la semaine, un moment exceptionnel. IAM était en concert à Alger. Pour la première fois, la scène algéroise accueille à l'initiative de Broshing Events, le groupe français de rap IAM – un groupe de longue date et mythique. Certes c'est un groupe français, mais de dimension universelle. C'est au théâtre de verdure Laâdi-Flici que IAM, cette formation éclectique qui active depuis le début des années 1990, a rencontré, hier, son public algérois, venu nombreux écouter son répertoire riche de plusieurs chansons inscrites désormais dans les annales de la culture hip-hop et partager sa vision méditerranéenne du hip-hop, c'est-à-dire son appartenance à un univers multiculturel et ouvert à toutes les influences. «C'était notre volonté de venir à Alger», a déclaré l'un des leaders du groupe marseillais, Akenathon, et d'ajouter : «Nous sommes très contents d'être là. Nos fans en Algérie nous adressaient régulièrement des messages pour nous demander de venir chanter à Alger.» Le public était là, fidèle au rendez-vous pour danser le mia (en référence à l'une de leurs chansons phares Je danse le mia qui a cartonné en 1994), pour s'imprégner de la musique de ce groupe de rap qui a su s'imposer durant de nombreuses années comme tel sur une scène de plus en plus et rudement compétitive et ce, grâce à son originalité. IAM a, tout au long de sa carrière jalonnée de multiples expériences – ce qui a forgé le caractère du groupe – œuvré à la définition d'un rap conscient et pourtant volontiers fêtard. Conscient, parce que les chansons de IAM abordent des sujets graves, grinçants, parfois dérangeants inspirés du vécu, des sujets qui nous interpellent et nous parlent. Ce sont des chansons de la maturité, des chansons qui sont conscientes de l'actualité. Ce sont des chansons réalistes, composées dans l'instant, elles sont instantanées. Ses textes sont qualifiés de «poésie du bitume», des textes pleins de sagesse. Fêtard, parce que la musique du groupe est une invite musicalement à l'évasion et à la réjouissance. Ainsi, IAM, qui estime que la musique est une histoire de mélange et de partage, évolue dans une musique engagée même si celle-ci revêt un tempérament festif. IAM, constitué par ses leaders Akhenaton, Shurik'N, Imhotep et Keops & Kephren, partage «une passion commune, la même vision de la musique, le même plaisir» Ce groupe ne fait pas dans la dentelle. Sa musique est personnalisée. Son rap est franc et rugueux, cinglant et vif, toutefois teinté de sonorités équilibrées, harmonieuses. Le concert d'hier était varié. Le public a navigué dans les époques du début de la carrière du groupe à sa maturité. Ainsi, aux anciens tubes devenus des classiques, se sont mêlés des titres de leur nouvel album. Un opus produit après six années de silence, baptisé «Arts martiens» et salué par la critique. C'était simplement un concert événement, inoubliable.