La spirale - Secouée par des manifestations qui ont éclaté à l'annonce de l'assassinat de Mohamed Brahmi, la Tunisie enregistre d'autres victimes. Un véhicule de la Garde nationale (gendarmerie) a été visé ce samedi par l'explosion d'un engin piégé à La Goulette, près de Tunis, et un gendarme a été légèrement blessé, ont annoncé les radios et un résident. L'explosion, qui a eu lieu près du marché de cette banlieue nord de Tunis, a endommagé le véhicule de type 4x4 en stationnement devant le poste de la Garde nationale. Des éboueurs avaient repéré un carton placé sous le véhicule et en ont alerté la permanence de la Garde nationale. La déflagration, a donc eu lieu lorsque le gendarme de faction s'est approché de la voiture, a rapporté le témoin. Les riverains ont été réveillés par le bruit de l'explosion qui a provoqué un début de panique, avant l'arrivée des forces de la Protection civile, selon la même source. C'est le premier incident du genre en Tunisie à viser un véhicule des forces de sécurité. Il survient au surlendemain de l'assassinat d'un opposant politique de gauche Mohamed Brahmi qui doit être enterré ce samedi lors de funérailles à hauts risques, au lendemain de manifestations. Par ailleurs, un manifestant a été tué dans la nuit de vendredi à samedi à Gafsa, dans le centre-ouest de la Tunisie, lors d'une marche de protestation contre l'assassinat jeudi du député de l'opposition Mohamed Brahmi. Mohamed Moufti, 45 ans, a été tué lorsque la police a dispersé à coups de bombes lacrymogènes une marche nocturne simulant des funérailles symboliques de l'opposant, qui sera inhumé ce samedi à Tunis. L'homme, un militant du Front populaire, une coalition d'extrême gauche, a été mortellement blessé par une bombe lacrymogène qui l'a atteint au niveau de la tête. La police a chargé lorsque des centaines de manifestants ont tenté d'envahir le siège du gouvernorat (préfecture) dans le centre de Gafsa, a indiqué la même source. La victime a succombé peu après son transport à l'hôpital de la ville. La Tunisie est secouée par des manifestations qui ont éclaté à l'annonce de l'assassinat de Mohamed Brahmi, abattu jeudi par 14 balles tirées à bout portant, devant son domicile, en banlieue de Tunis. Une journée de deuil national a été décrétée hier, vendredi. La Tunisie était paralysée hier, vendredi, par une grève générale «politique» à l'appel de la puissante centrale syndicale (UGTT), la deuxième du genre depuis le soulèvement de 2011, après celle organisée suite à l'assassinat de Chokri Belaïd, un autre opposant de gauche tué en février dernier. Plusieurs bâtiments officiels et des locaux du parti islamiste qui dirige le gouvernement ont été saccagés ou incendiés avant-hier, jeudi, et hier, vendredi, dans des villes de province. Un dangereux terroriste recherché Les autorités tunisiennes ont annoncé hier, vendredi, rechercher activement un islamiste radical, suspect numéro un dans l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi et celui quelques mois plus tôt de Chokri Belaïd, tués selon elles avec la même arme. L'assassinat, jeudi dernier, de cette figure de l'opposition de gauche, cinq mois après celle de Belaïd, a provoqué un nouveau choc dans le pays où une grève générale a été observée hier, vendredi, et des manifestations pour et contre le pouvoir islamiste du parti Ennahda ont été organisées. Le gouvernement tunisien a publié une liste de 14 personnes — des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashariaa, principale organisation salafiste en Tunisie —, impliquées dans les deux meurtres. Quatre ont été arrêtées, huit sont en fuite, dont Boubaker Hakim, présenté comme le principal suspect, et deux sont en liberté conditionnelle, selon le ministre de l'Intérieur. Boubaker Hakim, 30 ans, est «un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international», a indiqué le ministre Lotfi Ben Jeddou. Natif de Paris, il était déjà recherché en Tunisie pour détention et trafic d'armes, a ajouté M. Ben Jeddou précisant qu'il avait échappé récemment à la police et que de nombreuses armes avaient été retrouvées à son domicile.