Selon une petite équation, un smicard algérien dépenserait une moyenne de 2 000 DA/ jour en ce mois de ramadan. Le matin, c'est la bousculade dans les marchés de fruits et légume. Celui des Trois-Horloges, situé à Bab El Oued, ne déroge pas à la règle. Les bouchers et les boulangers sont trop sollicités en ce mois de sacré. Les Algérois dépensent beaucoup durant cette période. Même trop. Le lendemain, c'est pratiquement la même image décevante qui revient. Les bacs à ordures de tous les quartiers d'Alger débordent de détritus s'avérant trop exigus pour contenir toutes les denrées dont se débarrasse la ménagère pour faire de la place dans son réfrigérateur. Ils débordent non pas parce que les agents de Netcom sont en grève, mais tout simplement parce que les déchets ménagers ont triplé en cette période. Le mois de carême est paradoxalement celui où le gaspillage atteint le summum. Les emplettes de la matinée et les restes de la table bien garnie du ftour finissent souvent dans les sacs-poubelle que l'on jette parfois du haut des balcons sans même prendre la peine de descendre les escaliers et les déposer au point de ramassage. A l'appel du muezzin, annonçant la rupture du jeûne, nombreux sont les Algériens qui se contentent juste de quelques cuillères de chorba, un petit morceau de pain quand ce n'est pas d'abord une cigarette ou un café-presse avant même la chorba. Au bout d'une quinzaine de minutes, la table se vide. Les membres de la famille la quittent les uns après les autres. La maman, elle, est confrontée à cette épineuse question : Que faire des restes de nourriture ? La réponse est souvent claire. Un sac-poubelle et l'affaire est réglée. Du gaspillage. Un vrai gâchis qui aurait pu être évité si la raison l'emportait sur le ventre. En ce mois de ramadan, ce scénario est au rendez-vous dans la plupart des foyers algériens. Des sommes importantes sont ainsi jetées par les fenêtres par certains ménages en ce mois de piété. Censé être un mois d'abstinence et de frugalité, le ramadan est finalement un mois de gaspillage.