Résumé de la 72e partie - Le Docteur ne comprend pas pourquoi Mme Boitard s'est suicidée... «Vous avez bien fait de me dire ça, maître Boitard. Il est en effet très curieux que Mme Boitard ait eu cette remarque la semaine dernière... Cela laisserait supposer qu'elle avait peut-être déjà à ce moment l'intention d'attenter à ses jours et qu'elle voulait savoir si votre arme était en état de fonctionner.» Je n'avais plus rien à faire chez maître Boitard jusqu'au moment où la gendarmerie me donnerait l'autorisation de délivrer le permis d'inhumer. Je m'approchai cependant de la morte pour lui fermer les yeux qui étaient restés grands ouverts, fixes... Avant de me retirer, je contemplai une fois encore ce visage que je n'avais pas revu depuis la dernière visite que m'avait faite la jolie femme trois mois plus tôt... Je me souvenais qu'elle m'avait demandé alors un rendez-vous pour avoir mon avis sur une petite grosseur qui avait poussé sous son sein droit et qui l'inquiétait un peu. Ce n'était qu'une simple mammite n'offrant aucun caractère de gravité. Je lui prescrivis un traitement d'hormones mâles, suffisant pour faire se résorber cette tumeur bénigne, tout en lui conseillant de revenir me voir si ça ne disparaissait pas au bout de quelques semaines. Elle n'était pas revenue depuis ; j'en avais conclu que tout était rentré dans l'ordre. Je voulus tout de même, avant de quitter cette chambre où elle reposait déjà de son dernier sommeil, jeter un coup, d'œil sur ce sein droit : la protubérance n'avait pas disparu. Je la palpai : elle était dure et bien limitée. Ce qui prouvait que ce n'était que glandulaire. - «Qu'est-ce que vous examinez, docteur ?» me demanda le brigadier Chevart. «Rien de bien sérieux, brigadier.»- «Mme Boitard faisait naturellement partie de votre clientèle ?» - «Comme toute la ville, brigadier !»- «Est-elle venue vous voir récemment pour sa santé ?» - «Pas depuis trois mois... Elle n'avait d'ailleurs aucune raison de le faire si ce n'était pour les motifs ordinaires qui obligent toute femme, normalement constituée, à venir à certaines périodes chez son médecin.» - «Pendant ces visites, continua le brigadier, Mme Boitard ne vous a jamais fait l'effet d'être un peu... anormale ?» — J'ai rarement connu une femme qui fût mieux équilibrée ! Son excellente santé lui permettait d'être toujours de bonne humeur. Il n'y a pas une personne en ville qui ne vous dira que sa gaieté était communicative ! Elle incarnait pour moi la joie de vivre.- «Donc, aucune prédisposition à la neurasthénie ?»- «Pas la moindre, brigadier.» - «Je vous remercie, docteur. Si vous voulez bien me laisser seul avec maître Boitard ?» En quittant cette demeure où le deuil venait d'entrer d'aussi tragique façon, je ne pouvais détacher mon regard du visage resté admirable dans la mort... de cette bouche sensuelle qui conserverait éternellement son secret... Pourquoi avait-elle fait ça ? Je ne voyais aucune raison valable. Son mari la gâtait et celui que l'on disait être son amant ne pouvait que l'adorer... (A suivre...)