Résumé de la 74e partie - Le Dr décide de se rendre chez le lieutenant Deval pour lui apprendre le suicide de Mme Boitard... Mais... Je pensais que tout ce qui concernait Mme Boitard vous intéressait plus particulièrement. — Vous pensiez !... Evidemment, comme tout le monde dans cette horrible petite ville ! Seulement vous ne savez rien ! Ni vous ni personne ! Apprenez donc une fois pour toutes que, même si cette dame et moi étions très liés, la nature exacte de nos relations ne regarde pas les autres... Mme Boitard a un mari. Je pense que votre place est beaucoup plus auprès de lui qu'auprès de moi. — Ah, bon ! Pardonnez-moi... Je ressortis, ahuri, interloqué, de chez le lieutenant Deval. Pas un muscle de son visage n'avait bougé quand je lui annonçai la terrible nouvelle. Ou cet homme avait des nerfs d'acier et une force de dissimulation peu commune, ou la mort de la jeune femme lui était totalement indifférente. Pourtant leur liaison m'avait été plusieurs fois confirmée par des gens dignes de foi qui ne les jugeaient pas avec malveillance ; des gens que ça amusait plutôt et pour lesquels c'était un sujet de conversation comme un autre... Je ne savais plus que penser. En rentrant chez moi, je rencontrai Marcelle qui revenait de l'orphelinat. Dès que nous fûmes dans mon cabinet, à l'abri de la curiosité toujours en éveil de Clémentine, je la mis au courant de la nouvelle. Autant le jeune lieutenant avait semblé ne guère s'y intéresser, autant mon assistante parut consternée : – «Ce n'est pas possible, docteur ? La belle Mme Boitard ?» – «Oui, la belle Mme Boitard...» – «Mais, enfin, docteur, pourquoi ce geste ?» – «Pourquoi ? C'est bien la question que je me pose depuis ce matin...et je ne suis pas le seul ! Son mari est comme moi... Le brigadier de gendarmerie aussi...» — «La gendarmerie ? Elle s'occupe donc de l'affaire ?» — «II y a eu mort violente par suicide, Marcelle.» – «C'est vrai ! Quelle histoire ça va faire dans le pays» — «Aviez-vous revu Mme Boitard ces derniers temps ?» Tout en posant cette question, j'avais ouvert mon classeur secret pour consulter la fiche personnelle de ma cliente. Je ne m'étais pas trompé tout à l'heure dans sa chambre : sa dernière visite remontait au 27 avril, soit trois mois plus tôt. J'avais bien inscrit sur la fiche le traitement d'hormones que je lui avais ordonné pour faire fondre sa mammite glandulaire. Ce fut à peine si j'entendis la réponse de Marcelle : — «Je l'ai aperçue deux ou trois fois en ville, en faisant ma tournée matinale... Elle m'a toujours paru en très bonne santé. D'ailleurs elle n'était pas venue vous voir depuis un certain temps, docteur.» — «C'est exact.» — «Ne croyez-vous pas, docteur, qu'il faut attribuer la cause de sa mort à des raisons d'ordre intime ? Peut-être a-t-elle craint qu'un scandale en éclatât ? Que son mari ne fût mis au courant ?» — «Au courant de quoi ?»... Marcelle me regarda avec stupéfaction : — «Mais de sa liaison avec le lieutenant des Eaux et Forêts, docteur.» (A suivre...)