Possibilité - Le référendum comme solution à la crise que vit le pays se révélera-t-il la bonne solution : l'idée fait son chemin. «C'est un fait qu'il y a désormais deux rues en Tunisie», c'est ce qu'a indiqué, Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahda, au pouvoir, dans un entretien réalisé, avant-hier, dimanche par le quotidien belge Le Soir. En évoquant l'organisation d'un référendum pour sortir de la crise que traverse le pays, Ghannouchi a ajouté que «Nous en sommes aux 100 derniers mètres du processus transitoire et nous refusons de tout recommencer de zéro. Les deux camps ne peuvent plus continuer à faire appel à la rue. Nous réfléchissons à l'idée d'un référendum comme solution alternative à la crise ». Avant lui, c'était au Premier ministre Ali Larayedh d'évoquer, le 29 juillet, un tel scénario. «Nous n'en avons pas appelé à la rue par souci de l'intérêt public mais s'il le faut nous demanderons son choix au peuple par référendum», avait-il déclaré. Pendant ce temps, les opposants au gouvernement tunisien, qui réclament la démission du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), ont continué à manifester hier, lundi. A Sidi-Bouzid, dans le centre-ouest du pays, la police a dispersé à coups de matraques et de gaz lacrymogènes des manifestants hostiles au gouvernement ayant tenté de s'introduire de force dans la préfecture de Sidi Bouzid (centre-ouest). Les forces de sécurité ont procédé à des tirs de sommation pour disperser une foule furieuse contre l'«incompétence» du gouverneur de cette région très pauvre. Des manifestations ont régulièrement lieu à Sidi-Bouzid, berceau de la révolution de janvier 2011, depuis l'assassinat du député d'opposition et enfant du pays Mohamed Brahmi le 25 juillet dernier. Un crime qui a déclenché une vive crise politique. A Tunis, une coalition composée de différentes tendances de l'opposition a organisé, elle aussi , un nouveau rassemblement nocturne , le même jour. Cette fois-ci les manifestants n'étaient que quelques centaines, alors que la semaine dernière ils étaient des milliers à se réunir. Néanmoins, les opposants préparaient surtout une grande manifestation ce mardi pour réclamer la démission du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), deux revendications rejetées par le pouvoir, alors que le pays n'a toujours pas de Constitution et que les groupes jihadistes ne cessent de le déstabiliser. Cette manifestation doit marquer les six mois depuis l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd le 6 février dernier. Elle répond aussi à un rassemblement de dizaines de milliers de partisans du pro-pouvoir organisé samedi dernier. La puissante centrale syndicale UGTT, favorable à la démission du gouvernement, a apporté son soutien au rassemblement qui devrait être la dernière grande action de rue de ce mois de ramadan. Ennahda, qui propose un gouvernement de coalition élargi et des élections en décembre, a pour sa part indiqué hier, lundi, renoncé à ses manifestations quotidiennes devant l'ANC.