Résumé de la 77e partie n Marcelle continue à manipuler Mme Boitard de façon à la persuader qu'elle est bien atteinte d'un cancer du sein... D'ailleurs, on peut le regretter pour lui...» - «Pourquoi cela ?»- «Parce que, chère madame, le cancer du sein est à peu près le seul que l'on arrive actuellement à guérir par l'ablation totale.» — «Quelle horreur ! Ce doit être affreux de n'avoir plus qu'un sein !» - «Celles auxquelles ça arrive s'y habituent et se félicitent même de s'en être tirées à si bon compte ! Mais nous n'en sommes heureusement pas là en ce qui vous concerne !» - «Le cancer du sein ressemble à une mammite ?» - «Je ne peux pas vous expliquer ça ici, madame...» - «Où alors ? Voulez-vous venir chez moi ?» - «Il vaut mieux pas : ne pensez-vous pas que maître Boitard pourrait s'inquiéter s'il surprenait notre conversation ?» - «Vous avez raison. Mais où nous retrouver ? Vous ne comprenez pas que je veux, que j'ai le droit de savoir ?»- «Peut-être pourriez-vous venir, sans risquer que ce soit su, cet après-midi chez le docteur ? Je sais qu'il sera absent toute la journée et c'est le jour de sortie de Clémentine... C'est moi qui vous ouvrirai la porte. Nous pourrons parler en toute tranquillité.» La belle Mme Boitard me remercia avec reconnaissance, mais, dans ses yeux pailletés d'or, il y avait déjà des lueurs d'angoisse. Je progressais... — La séance de l'après-midi se déroula selon le processus que j'avais minutieusement établi à l'avance. Mme Boitard fut là à trois heures. Après l'avoir fait déshabiller dans le cabinet de consultation, je l'examinai. La mammite était très nette et n'offrait pas le moindre caractère cancéreux : elle était limitée et dure, tandis qu'une tumeur cancéreuse est molle, difficile à limiter. — «Est-ce douloureux au moment de vos règles ?» - «Oui.» C'était la preuve la plus nette de la tumeur bénigne ; la tumeur cancéreuse n'est pas douloureuse. Mais comme cette femme ignorait ces différences essentielles, je n'avais qu'à continuer à l'effrayer peu à peu : - «Si vous voulez bien passer dans la chambre radio... Vraiment je suis très étonnée que le docteur n'en ait pas eu l'idée! Enfin... Je vais essayer de réparer cette petite négligence...» — Elle était déjà derrière la glace-écran. Sa poitrine m'apparut admirable, bien proportionnée, avec des seins en chair mais fermes, des seins comme j'aurais souhaité en avoir... Je profitai de l'obscurité pour lui dire d'une voix que je m'efforçai de rendre la plus douce possible :- «La masse est arrondie, très mobile, sans adhérence et d'aspect kystique... Levez le bras lentement... Baissez-le maintenant..., pliez-le..., parfait. Il y a longtemps que vous avez remarqué cette grosseur sous-mammaire ?» -. «Six mois environ...» - «Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de venir trouver le docteur Fortier ?» - «Je n'y attachais pas grande importance jusqu'au jour où j'ai senti que ça devenait un peu douloureux.» - «Vous avez eu le plus grand tort. Le mal a gagné en profondeur... Si vous pouviez vous voir à travers cet écran, vous vous en apercevriez aussi bien que moi...» A suivre Guy des Cars