Résumé de la 88e partie - Un problème de conscience se pose au docteur : délivrer le permis d'inhumer ou l'autopsie ? Un étau actionné par un ennemi invisible, un ennemi dont la force inhumaine cherchait à m'abattre ou tout au moins à me mettre à sa merci. Ce ne pouvait pas être un confrère briguant ma place, ou ma clientèle : j'étais seul dans le pays ! A moins que ce ne fût un médecin de l'extérieur rêvant de venir s'installer ici. Et tout à coup, un doute fantastique effleura mon esprit enfiévré : la véritable responsable ne serait-elle pas ma propre assistante, cette Marcelle Davois qui avait travaillé pendant des années à l'Institut de Villejuif ? qui connaissait beaucoup mieux que moi les symptômes exacts du mal ? qui ne manquait pas une occasion d'en parler pour étaler son érudition ? qui se vautrait avec complaisance dans le cancer ? Cette doctoresse ratée qui piétinait de rage de n'avoir pu obtenir ses diplômes, qui adorait me donner des leçons pour me montrer mon ignorance ? N'était-ce pas elle qui aurait décelé, avec sa lucidité terrible et son calme exaspérant, le mal chez Mme Boitard ? Au moment même où je me posais ces questions, elle frappa à la porte de mon cabinet pour m'annoncer que Clémentine allait servir le dîner. Je passai immédiatement à l'attaque — Mme Boitard vous avait-elle parlé de sa mammite ? — Jamais, docteur ! J'ignorais même qu'elle en eût une... — Savez-vous la raison véritable pour laquelle elle s'est tuée — Je n'en ai pas la moindre idée... Je ne vois, comme je vous l'ai déjà dit, que la peur d'un scandale éventuel. Vous êtes trop fine, Marcelle, pour penser ça... Vous savez très bien qu'une femme pareille, à laquelle l'existence avait tout donné et qui aimait la vie, ne se serait pas supprimée pour un tel motif... Non ! Mme Boitard s'est tuée parce qu'elle était convaincue d'avoir un cancer du sein. — C'est fou, docteur ! C'est stupide aussi... Qui a bien pu lui mettre cette idée folle en tête ? — Je me le suis demandé comme vous depuis ce matin et je n'ai trouvé qu'une personne qui en fût capable : Vous ! — Moi ? Ce que vous dites là, docteur, est abominable ! Si vous aviez réfléchi une seconde avant de porter contre moi une accusation aussi grave - que vous regretterez, j'en suis persuadée - vous vous seriez d'abord demandé quel intérêt j'aurais eu à tromper odieusement cette femme que je connaissais à peine...Enfin, êtes-vous bien sûr qu'elle se soit tuée pour cette raison ? — Oui. — Puis-je vous demander comment vous l'avez découvert ? — Avant de mourir, Mme Boitard a écrit une lettre... — Une lettre ? — Une lettre que je viens de lire et dans laquelle elle avoue, en termes déchirants, la raison de son geste. — Ah ? Une lettre qu'elle vous a adressée ? (A suivre...)