Destin Fuyant le chômage et refusant de finir délinquants, voleurs ou drogués, ils se sont engagés dans une voie incertaine. Ils sont agents de sécurité. Agés entre 19 et 45 ans, ils veillent sur les biens publics et privés. On les appelle agents de sécurité ; un nom trop beau pour un métier ingrat. En effet, il faut une sacrée dose de courage pour s?engager dans cette aventure sinueuse. «Nous n?avons que des obligations et point de droits», dira Liès ? on l?appellera ainsi parce qu?il a refusé de décliner son identité? un jeune de 24 ans issu du quartier de Bab El-Oued. Travaillant dans une entreprise publique à Alger depuis cinq ans, il attend toujours de devenir permanent. Tout comme ses dix amis, il a signé un contrat renouvelable chaque année d?où un fort sentiment d?instabilité et d?insécurité particulièrement pour ceux qui sont mariés. «Il suffit qu?on vous dise merci et au revoir pour renouer avec le chômage.» Même s?ils ont un salaire plus ou moins confortable de 15 000 à 18 000 DA par mois, ils ne peuvent en tant que contractuels souscrire à un crédit logement ou même un crédit véhicule. lls doivent cotiser durant des années pour prétendre à l?un ou l?autre. Toutefois, il y a plus malheureux. Ce sont les agents recrutés par des agences privées et «loués» à des entreprises. Travaillant pour un salaire insignifiant allant de 10 000 à 12 000 DA, ils acceptent d?être exploités «en attendant des jours meilleurs», dira Redouane ? nom prêté ? habitant à Bouzaréah. Après avoir tenté plusieurs fois sans succès la «harraga», ce jeune de 27 ans s?est résigné à rester dans le pays. N?ayant aucune formation, il devait choisir entre un salaire de misère ou «devenir voleur», dira-t-il. Finalement, il a opté pour le premier. En compagnie de ses collègues, il se contente de bien faire son travail en affirmant qu?il s?agit juste d?une bricole. Une sorte de tremplin afin de passer à un stade supérieur. C?est du moins ce qu?il dit depuis presque six ans. Autant d?années durant lesquelles il a souffert de «l?arrogance de certains supérieurs qui nous appellent ?asmaâ?? (écoute) et nous parlent comme si nous étions des lépreux, ce qui fait mal au c?ur», dira-t-il avant d?ajouter que ce qui lui permet de tenir «c?est le fait de gagner ma vie honnêtement». Comme lui, ils sont nombreux les jeunes qui attendent plus d?égards, eux qui veillent sur le gagne-pain de milliers de familles algériennes.