Le futur déploiement par les Etats-Unis de missiles Patriot le long de la frontière jordano-syriennes et la levée par les pays européens de l'embargo sur les armes à destination de l'opposition syrienne armée intervient alors que la suprématie de l'armée syrienne se confirme sur le terrain. Une situation qui risque de bouleverser la donne sur la scène politique. Suprême démonstration : au bout d'une offensive de plus de deux semaines, cette armée est parvenue, hier, à contrôler la « totalité » de la ville stratégique Qossaïr, bastion des rebelles depuis plus d'un an. L'opération a débouché sur la mort de plusieurs rebelles. Certains se sont rendus aux autorités. D'autres ont pris la fuite. Les forces armées ont détruit les repaires des rebelles « avec ce qu'ils contiennent comme armes et munitions » après s'être emparés « des tunnels où ils se cachaient ». Fort de cette victoire, l'état-major syrien a promis « d'écraser » les rebelles à travers le pays, en qualifiant cet énième succès de « message clair à tous ceux qui participent à l'agression contre la Syrie, à leur tête l'ennemi sioniste (Israël) et ses agents dans la région et sur le terrain ». Cette nouvelle défaite de l'opposition armée, soutenue par les Occidentaux et quelques pays de la région, ne sera pas sans conséquence. Toujours est-il, les occidentaux reviennent à la charge à propos d'une éventuelle utilisation des armes chimiques par Damas, comme le laisse supposer l'enquête de l'ONU ? Quelles suites à donner à ces révélations ? « Il n'y aura pas de décision unilatérale et isolée de la France », répond Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement français. Et d'ajouter que Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, qui a déclaré mardi soir que « toutes les options sont sur la table », a fait part à ses homologues américain John Kerry et britannique William Hague, ainsi qu'au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, « des éléments dont nous disposons et de la certitude que nous avons que du sarin a été utilisé en Syrie ». « Fabius, dit-elle, a redit qu'une ligne avait été franchie » depuis l'analyse d'« échantillons prélevés sur le terrain » en Syrie. « Dans l'un des cas, l'un des échantillons analysés, il ne fait aucun doute que ce sont le régime et ses complices qui sont à l'origine de cette diffusion du gaz sarin » précise Najat Vallaud-Belkacem. Sur le plan diplomatique, l'heure est aux préparatifs de la prochaine conférence internationale, dite Genève 2. Les Russes et des Américains se sont rencontrés, hier, sous l'égide de l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, dans la métropole suisse, pour discuter de cette rencontre qui ambitionne de trouver une issue politique au conflit. D'ici cette conférence, une nouvelle rencontre aura lieu le 25 juin à Genève le 25 juin. La veille, Ban Ki-moon a souligné, via, son porte-parole, Martin Nesirky, la nécessité de suivre une « poussée diplomatique accrue et accélérée » pour mettre fin à deux ans de violence. M. Ban réagissait à l'occasion de la sortie, à Genève, du rapport de la commission d'enquête internationale sur la Syrie qui dresse un tableau sombre du conflit.