Le ministère russe des Affaires étrangères a appelé hier les Etats-Unis et la communauté internationale à la «prudence» en Syrie, soulignant qu'une intervention militaire aurait des conséquences «catastrophiques» pour les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. «Les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité, de créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région vont créer de nouvelles souffrances en Syrie et auront des conséquences catastrophiques pour les autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord», a indiqué le porte-parole du ministère, Alexandre Loukachevitch, dans un communiqué. «Nous appelons nos collègues américains et tous les membres de la communauté internationale à la prudence, à un strict respect du droit international, avant tout fondé sur les principes fondamentaux de la charte de l'ONU», a-t-il poursuivi. Le ministère russe des Affaires étrangères a également réitéré sa «sérieuse déception» concernant la décision des Etats-Unis de reporter une réunion prévue avec la Russie sur la crise syrienne à La Haye. Un haut responsable du département d'Etat américain, ayant requis l'anonymat, avait fait une annonce en ce sens lundi soir, expliquant que le report était dû à «des consultations en cours pour apporter une réponse appropriée aux attaques chimiques du 21 août en Syrie». Cette réunion devait notamment être consacrée à l'organisation d'une conférence internationale sur la Syrie «dans le but de mettre un terme rapidement à la violence et initier le processus d'un règlement politique du conflit», explique le ministère russe dans son communiqué. «La décision américaine de reporter la réunion à La Haye envoie un signal opposé à l'opposition (syrienne, ndlr), en l'encourageant à l'intransigeance en prévision d'une puissante intervention extérieure», ajoute cette même source. Plus tôt hier matin, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov avait déjà estimé qu'il était «regrettable» que les Etats-Unis aient décidé de reporter la rencontre. Selon le porte-parole de la diplomatie russe, convoquer une conférence de paix est «la tâche la plus urgente». «Nous comptons sur le fait que les Etats-Unis vont remplir leur part de responsabilités concernant la préparation de cette conférence», a-t-il ajouté. L'attaque chimique présumée le 21 août près de la capitale syrienne qui a fait plusieurs centaines de morts a fait monter les tensions d'un cran entre la Russie et les puissances occidentales, les deux camps ayant des interprétations diamétralement opposées du drame. Si les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont dénoncé le régime syrien et n'excluent pas une opération militaire, Moscou estime que ce sont des rebelles qui ont utilisé des armes chimiques pour discréditer le gouvernement. Le président russe Vladimir Poutine a réitéré lundi soir au Premier ministre britannique David Cameron qu'il n'y avait toujours pas de preuve que le régime syrien a fait usage d'armes chimiques contre les rebelles en Syrie, ont annoncé les services du Premier ministre. De son côté, le chef de la diplomatie américaine John Kerry, dont le pays consulte à tout-va sur une éventuelle intervention militaire contre le régime syrien, a affirmé lundi que l'utilisation d'armes chimiques près de Damas le 21 août était «indéniable». La Russie a déjà mis en garde lundi contre une intervention militaire sans aval du Conseil de sécurité de l'ONU, estimant qu'elle serait «dangereuse» et constituerait «une violation du droit international».