Fratricide n On s'étonne souvent lorsqu'on apprend que quelqu'un a tué son frère. Cet étonnement n'a pourtant aucune raison d'être parce que le premier meurtre connu de toute l'histoire de l'humanité a vu Caïn tuer son frère Abel. Boussaâd, Ali et Salah s'entendaient très bien quand ils étaient enfants et adolescents. Ils commencèrent à se regarder de travers lorsqu'ils se marièrent. Comme leurs épouses n'arrêtaient pas de se jalouser et que chacune passait le plus clair de son temps à dresser son mari contre ses frères, leur père, en patriarche sage et avisé, recommanda à chacun de ses fils d'aller habiter seul avec sa famille. Pour les convaincre de suivre sa recommandation, il donna à chacun d'entre eux une part des biens qu'il avait amassés durant sa longue vie de labeur. Ali et Salah s'installèrent à Alger tandis que Boussaâd, le plus jeune, préféra rester à Maâtkas, dans la wilaya de Tizi Ouzou, tout près de la maison parentale, pour pouvoir se rendre utile éventuellement envers ses parents vieillissants. Le temps passa. La mère mourut et quelques mois plus tard le père la suivit. A ce moment-là apparut un gros problème qui allait précipiter les trois frères, âgés de 54 ans, 60 ans et 62 ans, dans une interminable brouille sans cesse attisée par les épouses. Les deux frères aînés n'avaient pas exprimé d'objection lorsqu'ils ont vu leur «petit frère» (âgé tout de même de 50 ans à la mort de leurs parents) s'emparer du domicile familial parce qu'eux-mêmes possédaient des demeures assez confortables. En revanche, ils n'étaient pas d'accord qu'il fasse main basse sur une boutique qui générait un argent fou ! Cette boutique était en fait une épicerie qui marchait très bien parce que c'était la seule qui existait sur un rayon de cinq kilomètres. Elle marchait surtout parce que Boussaâd y travaillait et s'en occupait très sérieusement. Mais les deux frères ne voyaient pas ces efforts. Ils ne voyaient que l'argent qui coulait à flots. (à suivre...) Yahia Béjaoui