Changer continuellement de look est une forme d?identification pour les «ados». Trois jeunes filles, toutes en jean et en body, s?agglutinent devant les étals, le regard «pénétrant». Le vendeur, un homme frisant la quarantaine visiblement à l?aise dans son body blanc, leur montre un ensemble de pantalons. L?une d?elles veut en connaître le prix. «C?est cher monsieur?» s?exclame-t-elle sur un air limpide comme pour pousser son vis-à-vis à revoir à la baisse le chiffre. «Ma fihach !», rétorque le vendeur apparemment décidé à ne pas céder le Levi?s 501 sous le seuil des 4 500 DA. «C?est du premier choix, un vrai américain», assure-t-il. Les filles s?en vont pour chercher ailleurs un produit à bas prix. Ce jour-là, la chaleur torride n?a pas empêché jeunes filles et garçons, voire des femmes à prendre d?assaut le «bazar», un grand espace de «made in» situé à la place du 1er-Mai, en face de l?hôpital Mustapha. Ce grand centre commercial grouille de monde. Pas la moindre parcelle pour mettre les pieds. «C?est comme ça chaque jour, les gens aiment la mode et veulent se refaire, à chaque fois, un look» renchérit notre homme qui se targue aujourd?hui d?être à l?écoute de la jeunesse. «Les affaires marchent plutôt bien. Je renouvelle mon stock tous les quinze jours, les gens aiment la mode, mais refusent qu?on leur vende du périmé», ajoute-t-il. Ses principaux pourvoyeurs font la navette Alger-Marseille. «Ils connaissent bien leur métier. Ils nous ramènent tous les produits qui marchent bien là-bas en Europe et puis ils sont toujours à l?écoute de la demande des Algériens», renchérit-il. Au sujet de ses clients, notre homme estime que «les femmes sont leurs plus fidèles clients. Et c?est pour cette raison que nous les ciblons. Pour être coquettes, les filles doivent impérativement suivre la mode et donc débourser davantage». Mais les filles ne sont pas les seules à vouloir s?habiller chic ; les garçons sont tout aussi concernés par l?air du temps et changent de look au gré des humeurs et des produits étrangers mis sur le marché. Chez un autre vendeur situé juste à la sortie du «bazar», des ados scrutent des yeux les panta-courts dernier cri et des sandales italiennes à 2 000 DA la paire. «Une fois la tchipa rentrée, j?achète une Nike, un jean ou quelque chose de bien pour avoir un beau look», nous déclare un jeune, le crâne rasé, tel un skinhead qui n?a que le look pour se mettre en évidence.