Empreinte L?Algérie des années 1980 découvre la révolution «cathodique». L?avènement de la parabole va changer les choses de fond en comble. Pour avoir le monde à ses pieds, des monastères du Tibet à la paradisiaque île des Galapagos, des imposants buildings new yorkais à la taïga sibérienne, l?Algérien n?a pas besoin d?investir beaucoup : un petit écran, une télécommande et une parabole suffisent amplement. Mais ces outils n?ont pas uniquement cette tentante «vertu» d?instruire, d?éduquer et de véhiculer les idées sulfureuses. L?Algérie est un des pays les plus «branchés» de la planète. La mode s?ancre dans les m?urs et au fil des années devient simplement une habitude. Les paraboles foisonnent dans les villes et villages. Les effets sont immédiats. Une publicité de quelques secondes, un loft story étranger, au sens propre comme au sens figuré, marquent les jeunes pour la vie et l?Algérie entière devient étrangement une société de consommation comme tout autre pays occidental avec la? production en moins. Sans cesse renouvelé, le parc fait le bonheur des citoyens et celui des revendeurs qui font les bonnes affaires à chaque arrivage high-tech. Le beau décor s?arrête là. Jadis, les Algériens, idéologie oblige, n?avaient droit qu?à quelques petites heures de retransmission sur l?unique avec un ciblage ordonné des différentes couches de la société. Le monde extérieur nous était étranger et tout ce qui provenait de l?extérieur était perçu comme un intrus dans ce monde «introverti» de cette Algérie soucieuse de solidifier ses repères ancestraux, l?arabité et l?Islam en devanture. Début des années 1980, arrive la révolution«cathodique». Les jeunes calquent le look coloré des ados du Bronx et de Saint-Denis. La parabole apporte avec elle son lot de nouveautés à consommer frais. Nike, Reebok, body, pantacourts inondent le marché. Petits et grands croquent à pleines dents Kinder, Danone... Bien avant l?OMC, la mondialisation est en marche. Dans les foyers, la parabole laisse une empreinte indélébile. Un film aux séquences osées, un «navet» sans queue ni tête ou un match de football qui n?intéresse nullement la fille ou la mère divise la famille pourtant agglutinée sous un même toit et dont les membres regrettent aujourd?hui les contes d?antan de la grand-mère à l?époque où la télévision se fermait hermétiquement à clé !