Guelma Le tribunal criminel de cette ville n?aura jamais eu à juger un assassin aussi têtu que S. B., 59 ans, qui, malgré les faits qui lui sont reprochés, clame haut et fort son innocence? «M. le président, je ne suis pas un criminel !» Les membres de la cour hochent la tête. Voilà des heures que l?accusé, imperturbable, fait la même déclaration. «Des témoins vous ont confondu ! ? Ils mentent ! je n?avais aucune raison de tuer mon voisin... Je jure que je suis innocent ! ? On comprend qu?une personne vous confonde, mais quand il s?agit d?une trentaine de témoins qui vous accusent de meurtre sur la personne de Z. B., il est difficile de croire à votre innocence ! ?Je n?ai tué personne !» Les faits remontent au mois de décembre 2002, au douar El-Margaâ, dans la commune de Bouchegouf. Z. B., 40 ans, est découvert dans un piteux état. En effet, ce père de quatre enfants en bas âge, a succombé aux graves blessures causées par l?arme du crime : un fusil de chasse. Une enquête est aussitôt ouverte et S. B., en possession de cartouches identiques à celles qui ont servi à éliminer Z. B., est arrêté. Le jour du procès en juin 2004, les témoins se succèdent à la barre et pointent un doigt accusateur vers l?accusé. «La nuit du drame, nous avons vu S. B. quitter son domicile, armé de son fusil de chasse. ? Il méprisait la victime à un degré inimaginable ! ? C?est du reste une personne que les gens du douar ne fréquentent pas beaucoup.» Le témoin principal, M. A., est plus que convaincant aux yeux de la cour : «M. le président, un jour, avant la terrible découverte, je me trouvais en compagnie de la victime. L?accusé est passé près d?elle et n?a pas répondu à son salut, pourtant poli et sincère. C?est quelqu?un qui nourrissait beaucoup de mépris à l?encontre du défunt...» D?autres témoins déclarent aussi qu?un conflit perdurait entre l?accusé et la victime à cause d?une vague histoire de parcelle de terrain dont ils se disputaient la location. «Vous êtes reconnu coupable du meurtre de votre voisin. Qu?avez-vous à dire ? ? Je suis innocent. Je n?ai tué personne... personne !» Le représentant du ministère public requiert la perpétuité à l?encontre du mis en cause : «Malgré toutes les preuves retenues contre lui, l?accusé s?entête à nier être l?auteur du crime. Il ne mérite aucune clémence.» La cour rend son verdict après de courtes délibérations : S. B. est condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour meurtre avec préméditation.