Oran 22 juin 2004. Le tribunal d?Es-Sedikia rend son verdict sur une affaire de meurtre. Les membres de la cour scrutent les trois accusés : B. F., 24 ans, G. K., 31 ans, et Y. M., 42 ans. Trois personnes impliquées dans un meurtre commis dans la nuit du 24 au 25 juillet 2002, du côté de Mers el-Kebir. Dans le box des accusés, le premier inculpé, G. K. entrecoupe ses déclarations de légers sanglots : «Pourquoi vous en êtes-vous pris à la victime ? ? Nous étions tous les trois en état d?ébriété, M. le président. ? Ce n?est pas la réponse à ma question ! Connaissiez-vous la victime ? ? Non. ? Pourquoi l?avez-vous poignardée ? ? Une dispute était à l?origine du drame, M. le président. Après avoir passé une belle soirée, nous quittions l?un des bars de Mers el-Kebir pour nous rendre à Oran à bord de l?auto de Y. M. ? Continuez, je vous prie ! ? Vous savez, l?alcool, ça monte à la tête. Nous ne savions pas vraiment ce que nous faisions ! Un homme, accompagnée d?une jeune femme, passait son chemin. Nous avons fait quelques compliments à la jeune dame et son ami a très mal pris la chose? ? Alors, vous l?avez poignardé ! ? Nous n?avions aucunement l?intention de le tuer, M. le président. Nous ne sommes pas des criminels ! ? Vous avez cependant tué un homme, je vous le rappelle ! ? Le drame est si vite arrivé ! Une longue dispute, et nous en sommes arrivés aux mains?» La victime, M. A., aurait sans doute dû continuer son chemin en ignorant les propos provocateurs des trois mis en cause, mais les choses ne se passent malheureusement jamais comme on le voudrait. C?est ainsi que la victime s?arrête. Et de cette halte, elle fera les frais. Elle sera poignardée. Quatre coups de couteau et elle n?est plus de ce monde. Arrêtés, les auteurs du crime ne nient pas les faits retenus contre eux : «Nous ne sommes pas des criminels?» L?un des mis en cause, en l?occurrence Y. M., le propriétaire du véhicule, abonde dans le même sens : «J?étais au volant du véhicule? Je ne suis pas un assassin?» Le représentant du ministère public met en exergue la gravité des faits : «La victime, accompagnée de sa jeune amie, passait son chemin. Les accusés les ont agressées verbalement, puis à l?aide d?armes blanches? je requiers la perpétuité à l?encontre des deux principaux accusés, ainsi qu?une peine de 20 ans de prison à l?encontre du complice Y. M.» Les avocats de la défense demandent à ce que le chef d?inculpation soit requalifié en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. La cour se retire afin de délibérer et rend enfin son verdict : B. F. est condamné à la perpétuité, G. K. écope d?une peine de 20 ans de prison ferme. Quant à Y. M., le conducteur du véhicule, il purgera une peine de 15 ans de prison ferme pour complicité.