Ruée - S'étalant sur 570 mètres de long, la plage Kotama connaît encore cet été une fréquentation record malgré la réputation «douteuse» de ses eaux où se jette l'Oued El-Kantara. Cet afflux massif de vacanciers transforme le quartier du Casino, en un vaste marché à ciel ouvert, où tout se vend et s'achète, jusqu'à une heure tardive de la nuit. La plage Kotama est libre d'accès, une seule concession ayant été accordée jusqu'ici, plus à l'ouest, par la Direction du tourisme de la wilaya. De jeunes chômeurs s'improvisent, le temps d'un été, plagistes, gardiens de parking, vendeurs de souvenirs, ou restaurateurs, encouragés en cela, par les vacanciers, contents ou non, des services proposés. A l'ouest de la plage, une salle de cinéma en 3 dimensions, est trop exiguë, avec une petite quarantaine de places, pour contenir tous les cinéphiles vacanciers. «Petits et grands en profitent à raison de 250 DA la séance», affirme, content, le responsable de cette salle, aussi obscure que bruyante. Des couples venus du Sud prennent des photos à la chaîne. Un peu plus loin, des enfants jouent au baby-foot, alors que les billards attendent la soirée, pour se dévoiler. Parasols, tables et chaises, douches de fortune, gargotes mobiles, dont les terrasses de planches jointes, côtoient des restaurants ayant pignon sur rue, tentes de toutes les dimensions, ou authentiques khaïmas nomades, occupent des parcelles squattées par des débrouillards qui semblent avoir bien compris, la fable «La cigale et la fourmi». «Je préfère venir d'El-Aouana, gagner un peu d'argent sur le sable, que de rester à dormir toute la journée sous le climatiseur», lance un jeune à la cantonade. Des rigoles d'eaux usées suintent aux abords de la plage, alors que par intermittence, les bouffées d'air marin, alternent la pestilence des latrines et des ordures laissées entre la plage et les trottoirs. Parfois, les narguilés ornant les kheimas, bousculent l'odorat des visiteurs, dans une atmosphère humide et iodée où se mêlent les senteurs de crottin de cheval et de dromadaire, un couple de quadrupèdes, présent chaque été, pour évoquer l'exotisme du Grand Sud. «Il faut bien que les jeunes travaillent au moins un mois par an !», dit une mère de famille, une psychologue de Tolga entourée de ses enfants. La plupart des vacanciers ici cède sans rechigner les 700 ou 800 dinars, demandés pour la table, le parasol et les chaises, mais le parking à 100 dinars, c'est excessif, protestent, tout de même, quelques uns. «On fait des prix aux moins fortunés», se défendent les adolescents. Une jeune algéroise qui habite une maison familiale aux Aftis, considère elle, qu'elle n'a pas à payer pour accéder à une plage que les siens, «ont toujours connue». Venue de Tamanrasset, en passant par Alger, Cherifa, mère de trois petites filles, dit préférer la région de Jijel pour la quiétude et la sécurité. «Nous n'avons pas trouvé de location, mais une famille nous a gentiment invités sous son toit», déclare la jeune femme dont l'époux, enseignant dans le primaire, doit économiser «au moins 100 000 dinars pour une petite semaine sur le littoral». Les loyers varient de 2 500 dinars la nuitée en appartement, à 6 500 dinars, l'étage de villa, répond cette famille targuie qui s'estime «chanceuse». - Aux services d'hygiène de la commune, on effectue des analyses de l'eau à l'embouchure de l'oued Boudis une fois par semaine. Le but est de délimiter la zone polluée à éviter, pour cela, il faut encore effectuer des prélèvements dans plusieurs endroits, affirment les laborantins. Il s'agit des eaux usées des hauteurs de la ville, elles sont refoulées jusqu'à la station d'épuration, près de la sablière du zouave, selon le secrétariat général de l'APC. Les résultats des analyses effectuées par le laboratoire de la wilaya sont satisfaisants, selon la même source. La surveillance est maintenue, car «on craint toujours les conséquences des branchements illicites des buses de l'assainissement, dans ce déversoir des eaux pluviales», dit-il.