Evidence n «Un monde sans amour, qui est l'essence même de notre existence, plonge tout être dans une insécurité quant à son devenir et à son épanouissement.» «Que dire de l'enfant privé de ses parents qui sont la source de cet amour ? Quel crime a-t-il commis pour se retrouver abandonné parce que ses parents ont divorcé ou parce qu'ils l'ont simplement abandonné. La tendresse ne s'exprime pas à coups de dépenses faramineuses, comme il se fait chez nous à l'occasion de la Journée de l'enfance, qui coïncide avec le 1er juin de chaque année, mais par des doses quotidiennes de brins d'attention, de mots affectueux, de rations alimentaires saines et équilibrées, d'éducation sanitaire saine, d'un apprentissage scolaire de qualité, de divertissements éducatifs sains», nous dit Ghania M., sociologue. En effet, livrés à eux-mêmes, ces petits innocents perdent la notion de route de la vie banalisée et c'est la vie errante dans le labyrinthe des fléaux sociaux qui les guette à chaque coin de rue ou à travers leur attraction vers des propositions néfastes de la part d'adultes malintentionnés. Ajouter à cela, «l'absence d'un nom patronymique et la boucle est bouclée pour une galère se terminant souvent à l'hôpital, dans une maison de redressement ou même derrière les barreaux», ajoute notre interlocutrice. Eprouvés, à leur âge, par la dureté de la vie, les voilà poussés à être de petits travailleurs. Les estimations avancent le chiffre de 246 millions d'enfants qui travaillent à travers le monde. Près des trois quarts d'entre eux travaillent dans des situations ou conditions dangereuses telles que le travail dans les mines, avec des produits chimiques et des pesticides dans l'agriculture ou donnant lieu à la manipulation de machines dangereuses. Ils sont omniprésents, mais invisibles, peinant comme employés de maison, derrière les murs des ateliers et, loin des regards, dans les plantations. La folie des adultes à déclencher des conflits armés entraînant 2 millions de victimes civiles de façon spectaculaire dont la moitié environ sont des enfants. Plus d'un million d'enfants sont devenus orphelins ou ont été séparés de leur famille. Entre 8 000 et 10 000 enfants sont tués ou mutilés par des mines terrestres chaque année. Dans ces conflits, 300 000 enfants sont des «acteurs» car utilisés comme combattants, coursiers, porteurs ou cuisiniers, et pour fournir des services sexuels. Certains sont recrutés de force ou enlevés, d'autres s'enrôlent pour fuir la pauvreté, la maltraitance et la discrimination, ou pour se venger des auteurs d'actes de violence commis à leur encontre ou contre leur famille. Chez nous, il est vrai que la paupérisation galopante jette de larges pans de la société dans la misère. Pour certains, soi-disant «pères de famille» et «fiers de l'être», quoi de plus simple et de plus touchant que de laisser ou pousser leurs progénitures à «faire la manche». Le plus grave est que des enfants en bas âge sont «loués» pour servir d'appât dans la quête d'argent ou d'effets vestimentaires auprès de pauvres quidams peinés à la vue de ces êtres en haillons et sales. «Au lieu de suivre sa scolarité, cette relève de demain s'en écarte pour s'adonner à une pratique imposée par les adultes à des fins douteuses», nous dit Ghania M. R. K.