Juste après l'Indépendance, il y avait un noyau de professionnels qui avaient glané un capital expérience appréciable. «Logiquement l'Algérie aurait dû préparer la relève, l'Etat aurait dû former les hommes dans tous les métiers du bâtiment», fait observer M. Sahraoui. Mais «le jeune Algérien rechigne au métier de manœuvre et même de maçon parce que, outre la pénibilité, ce métier est dévalorisé socialement. Les pères n'osent pas divulguer la profession de leur fils au moment de demander une fille en mariage.» poursuit-il, et d'ajouter : «Nos jeunes apprentis voient de mauvais exemples autour d'eux. Ils ne peuvent pas supporter la vue de leurs semblables roulant dans de rutilantes Mercedes, c'est pourquoi, ils recherchent le gain facile et voudraient, eux aussi, goûter au confort.» Les Chinois sont appréciés pour leur discipline. «Ils passent le double du temps que passent nos jeunes sur les chantiers.» Pour autant nous aboutissons à cette situation paradoxale et burlesque qui fait que la rareté des maçons, même si elle fait augmenter leur rémunération jusqu'à dépasser celle d'un médecin exerçant dans la Fonction publique, elle ne parvient pas à en rehausser le statut social. Et pourtant, selon M. Sahraoui, ce maçon peut percevoir 2 000 DA par jour. Il explique que cet état de fait a beaucoup à voir avec la culture et insiste sur la formation des hommes, relevant au passage, qu'ailleurs, l'élément féminin est intégré dans le dispositif de l'emploi. Ce n'est donc pas demain la veille qu'on verra nos filles s'exercer à la pince et au marteau. Il n'empêche, avertit notre interlocuteur, que «les Chinois ont aussi des problèmes, une pénurie de main-d'œuvre commence à poindre chez eux, bientôt nous n'en aurons plus». Pour notre promoteur et architecte, il est impératif de «réviser les modalités de rémunération. Il faudrait, peut-être, envisager, afin d'intéresser les jeunes, des formations assorties d'un présalaire ou d'un salaire, car ces jeunes ont des besoins, voire une famille à prendre en charge.» R. K.