Résumé de la 1re partie n Jean a maintenant vingt et un ans. Il était déjà majeur, depuis peu, la nuit du 21 mars 1990, celle du massacre. Alors il va tuer, exterminer sa famille. Et, pour cela, il a mis au point un plan très simple. La veille il a acheté un billet de train pour se rendre en ville. Il a pris soin de laisser ouverte, dans la maison familiale, un vasistas qui donne sur un petit débarras au premier étage. Contre le mur de la villa, il a disposé une brouette et un bidon, afin de pouvoir grimper jusqu'à cette ouverture. Le couteau qu'il a sur lui a été emprunté à un copain, il y a déjà plusieurs mois. Une fois à l'intérieur, et son forfait accompli, il n'aura plus qu'à simuler une effraction et à rejoindre son internat par le même chemin. Le plan se déroule comme prévu. Jean est chez lui dans le noir, son couteau à la main, un vrai poignard, une lame de vingt-six centimètres. Son père est endormi, la grand-mère également, sa sœur et son petit frère aussi. Anne, qui a dix-sept ans, entend soudain un cri et pense aussitôt que sa grand-mère est malade. Elle se lève, descend les escaliers des chambres et, en arrivant au rez-de-chaussée, aperçoit la vieille dame en larmes et en sang, tenant une serviette autour de son cou. Prise de frayeur, elle n'a même pas le temps d'intervenir, un autre bruit à l'étage lui fait tourner la tête, et horreur ! elle voit maintenant son père sortir de sa chambre à coucher poursuivi par son frère, qui frappe, frappe sans discontinuer, dans la nuque, dans le dos. Anne se met à hurler : «Arrête !» Jean n'entend rien, il a les yeux hors de la tête, ce n'est plus son frère, c'est un fou furieux, muet, un automate qui ne lâche pas son arme, frappe encore, alors que la jeune fille se précipite vers son père pour lui venir en aide. Elle ne peut rien, et le couteau se retourne contre elle, la lame la frappe en pleine poitrine. Pendant ce temps, le père ensanglanté cherche à fuir. Jean s'en aperçoit, alors il abandonne sa sœur blessée pour le poursuivre, le rattrape dans la rue et se remet à frapper, tandis que le père s'est effondré. Vingt-sept coups de couteau, au point de casser la lame dans le crâne de son père. La grand-mère a reçu, elle, vingt coups de la même lame. Anne, bien que blessée, cherche à fuir elle aussi dans la rue, pieds nus et en chemise de nuit, pour demander du secours. Elle court, elle sent son frère courir aussi derrière elle. Enfin, elle parvient jusqu'à la maison voisine, sonne à la porte, mais on ne répond pas. Alors elle reprend sa course affolée, vers une autre maison, mais Jean, forcené, est toujours derrière elle, il la rejoint et frappe à nouveau à trois reprises. Elle s'effondre. Jean la retourne une dernière fois, il plante encore sa lame dans le corps de sa sœur, sur le flanc. Anne est à terre, elle ne bouge plus. Avec un courage et une présence d'esprit remarquables, car elle est grièvement blessée, elle fait la morte. Quelques secondes passent. Le fou furieux se laisse prendre à cette ruse ultime et court à nouveau dans la maison familiale, car il lui reste quelqu'un à tuer : son petit-frère de treize ans. Le gamin n'a rien vu et rien entendu de ce massacre, il dort à poings fermés dans sa chambre, innocemment. Jean prend sa ceinture pour l'étrangler, lorsque Paul ouvre des yeux surpris et regarde son frère tranquillement : «Qu'est-ce qu'il y a ?» L'innocence de cette réaction le protège miraculeusement. A suivre Pierre Bellemare