L'arabe désigne la femme par le mot mra' et le berbère tamettut : quand on dit mra' ! ou tamettut ! avec une exclamation, on exprime une certaine admiration. Cela signifie : «C'est une femme d'honneur, c'est une femme de parole» et le mot connote alors, comme le nom de l'homme, des valeurs positives : courage, générosité, dignité, force de c?ur et d'âme... En revanche, quand le mot est appliqué à un homme, il a toujours un sens négatif : c'est un lâche, un homme sans dignité, sans volonté... Et pire que le mot mra', il y a le diminutif mriwa (femmelette !). Yakhi mriwa (espèce de femmelette) est une insulte plus grave que yakhi mra (espèce de femme !). La pensée mascuIine reconnaît l?utilité de la femme, elle affirme même qu'elle est indispensable puisque c'est elle qui permet à l'espèce de se reproduire, c'est elle aussi qui, dans la société, s'occupe du foyer et de l'éducation des enfants. «Axxam bla tamettut, dit le proverbe kabyle, am lebh'ar bla lh'ut»(la maison sans femme, c'est comme une mer sans poissons) ! Mais en même temps qu'on magnifie la femme, on l'accable de reproches, à commencer par celui d'être tirée... du flanc gauche de Satan ! Les proverbes (certainement inventés par les hommes !) dénoncent en elle la cupidité, la sorcellerie, la ruse et la méchanceté. Ainsi, ce proverbe connu : «Idha h'leff fik radjel bat raqed, idha helfet fik mra', bat qad'ed» (si un homme te menace, tu peux dormir tranquille, mais si c'est une femme qui te menace, reste éveillé !), autrement dit, les menaces de la femme sont toujours plus sérieuses que celles de l'homme. «La femme, dit encore un autre dicton, tient toujours ses promesses», sous-entendu, met ses menaces à exécution. Misogynie, non pas de la langue, mais des hommes qui cherchent à confiner la femme dans des rôles subalternes !