Alger Mardi 1er juin 2004. Le tribunal criminel prononce le verdict à l?encontre d?un jeune homme accusé d?appartenance à un groupe armé? C?est aussi le jeune frère d?un terroriste décédé en 1994. «Pourquoi procédez-vous à mon arrestation ? Mon frère était un terroriste, mais vous n?avez aucune preuve contre moi? Ce n?est pas parce que quelqu?un appartient à un groupe armé que toute sa famille doit en faire les frais. Je suis innocent.» Telle est la déclaration du jeune Samir S., lors de son arrestation à un barrage de police dressé à Kouba en mars 2002. Les services de sécurité, en vérifiant son identité, ont tout de suite en mémoire le nom d?un terroriste qui activait aux environs de la jolie ville de Blida. «Mon frère est d?ailleurs mort en 1994, quant à moi, je n?ai rien à me reprocher», dira-t-il encore à l?intention des services de sécurité. En fait, ces derniers ignoraient la disparition du défunt, mais ils ont du mal à croire à l?innocence de son frère qui, selon eux, en fait un peu trop en forçant sur ses déclarations, pas aussi innocentes que cela puisque, en effet, selon le chef d?accusation, le jeune Samir S. appartenait effectivement à un groupe armé, du côté de Blida. Sa mission était d?établir des comptes-rendus et de rapporter des informations liées à la situation sécuritaire du pays. Le jour du procès, Samir S. tient les mêmes propos qu?en mars 2002 lors de son arrestation : «M. le président, je n?ai jamais appartenu à un groupe armé. Le seul terroriste que j?ai connu était mon frère et il n?est plus de ce monde? Je jure que je suis innocent? ? Le chef d?accusation ne peut être remis en cause. Vous fournissez des informations à un groupe armé au niveau de Blida, et par conséquent, vous serez jugé et condamné pour ce grave délit. ? Mais je jure que je suis innocent !» Alors que le représentant du ministère public requiert une peine de 10 ans de prison ferme, les avocats de la défense demandent l?acquittement de leur client : «Certes, son frère était membre d?un groupe armé, mais aucune preuve n?incrimine notre client.» La cour se retire pour délibérer et rend son verdict. Samir S. est condamné à 5 ans de réclusion criminelle pour appartenance à un groupe armé.