Ampleur Environ 15 à 30% des malades en Algérie sont contaminés par une maladie nosocomiale, soit un patient sur trois. Pour mieux mesurer l?ampleur de ce fléau dans notre pays, il faut savoir qu?en France, seuls 7% des malades attrapent une infection lors de leur séjour à l?hôpital. La palme revient aux maladies transmises par les mains qu?on appelle communément les infections manuportées. Selon le Pr Soukehal, ce genre d?infection représente 40 à 60% des maladies nosocomiales dans le monde, mais, précisera-t-il, «en Algérie, on est plus proche des 60% que des 40%». Les toxi-infections alimentaires collectives hospitalières sont également très fréquentes en raison de l?état déplorable des cuisines des établissements de santé qui ne répondent à aucune norme. La nourriture est de ce fait presque toujours impropre à la consommation. D?ailleurs, les malades se montrent méfiants envers les repas qui leur sont servis. Il faut dire que le personnel médical, qui n?est ni formé ni informé en matière d?hygiène hospitalière, est souvent à l?origine de cette situation alarmante. Pour notre interlocuteur, la prolifération de ces maladies en milieu hospitalier découle, entre autres, du non-respect d?un certain nombre de pratiques qui peuvent épargner des souffrances à bien des malades qui sont déjà éprouvés par d?autres pathologies. Il faut noter aussi que l?absence de formation est pour beaucoup dans le comportement parfois inadéquat du personnel médical et paramédical qui ignore souvent la démarche à suivre pour éviter de contaminer les malades. Mais la négligence médicale n?est pas le seul facteur à mettre en cause dans ce problème majeur de santé publique. En effet, quand on sait que seulement 1% du budget de l?Etat injecté dans le secteur de la santé est consacré à la prévention et à la lutte contre les maladies nosocomiales, on peut s?interroger si les autorités prennent vraiment au sérieux ce dossier. C?est ce genre de prestations qu?on voulait faire payer au prix fort à des citoyens dont la petite bourse ne permet pas d?aller chez le privé, réputé être, à tort ou à raison, plus compétent que le service public. Ainsi, les responsables de la santé devraient penser d?abord à améliorer les conditions d?hospitalisation avant de réfléchir à rendre les soins payants.