Résumé de la 1re partie n Abderrahmane, 65 ans, colporteur habitant à Miliana se réveille un matin avec des douleurs sur tout le corps. Il ne peut pas se lever et accomplir son travail. Torkia l'épouse de 64 ans sourit. — Abderrahmane, il me vient une idée. — Laquelle ? — Pourquoi n'enverrais-tu pas Miloud, notre fils, à ta place ? Il est jeune, fort. Il pourra supporter, lui, les rigueurs du froid montagnard. — J'y ai pensé... mais j'ai peur qu'il ne revienne pas... J'ai peur qu'il lui arrive quelque malheur. — Mais, Abderrahmane, Miloud n'est plus un gamin. C'est un grand gaillard maintenant. — C'est précisément pour ça que j'ai peur pour lui. Notre fils est très beau et j'ai peur qu'il séduise une des belles montagnardes qu'il pourrait être amené à rencontrer. Et tu sais que les montagnards sont sans pitié avec ceux qui s'approchent de leurs filles. — Ah ! Tu vois ! je t'avais dit qu'il fallait le marier... — Il est encore jeune... Il n'a que 17 ans... Torkia sourit avec ironie. — Et nous avions quel âge toi et moi quand nous nous sommes mariés ? — Je ne sais pas... Tout ce que je sais c'est que nous étions mûrs... — Tu avais 15 ans et moi 14. — Ah ! Bon ? Mais autrefois, il n'y avait pas toute cette misère... Les gens mangeaient mieux ; ils grandissaient et mûrissaient très vite. — Notre fils et grand et mûr... Il n'y a que toi qui le vois encore enfant. Si tu l'avais marié on n'aurait pas peur que des montagnardes lui tournent la tête. — Tu as raison, femme ! Pour une fois, je reconnais que tu as raison. — Il me vient une idée, Abderrahmane. — Je t'écoute — Envoie-le et demande-lui de se montrer sage ! Il faut qu'il apprenne à se maîtriser, Abderrahmane. Et annonce-lui qu'à son retour tu le marieras avec la plus belle fille de la région. Le vieux Abderrahmane soupire de lassitude : — Toi et moi sommes en train de faire des projets pour notre fils mais il n'est pas dit qu'il les acceptera. Il se sent si bien avec ses petits potagers, ses vergers et son troupeau de moutons. A suivre... Yahia Bédjaoui