Résumé de la 3e partie - Cette nuit, Mathias a commis l'irréparable... Le docteur Goebler pénètre en trombe dans le petit pavillon de Mathias. Le jeune homme est là, avec sa mère. Il est prostré, il ne se lève même pas. Il demande d'une voix faible : «Ce matin, je n'avais rien dans mes poches. Pourquoi est-ce que je n'avais rien ? Maman me dit qu'il n'y avait pas d'article dans le journal... Vous l'avez lu, docteur ? C'est vrai qu'il n'y avait rien Pas de viol ? Pas de...» Le docteur arbore son air le plus rassurant : «Rien du tout, Mathias. Je suis simplement venu vous chercher. Je vais vous opérer demain, mais avant, je vais vous faire une piqûre.» Le docteur Goebler sort sa seringue de sa trousse et brise une ampoule... Mme V. sort de la pièce. Lorsqu'elle revient, une minute plus tard, Mathias est en train de s'assoupir. Ingrid V. est d'une pâleur mortelle, mais sa voix ne tremble pas. «Merci docteur. Vous avez bien fait...» Le docteur Goebler hausse les épaules : «Je n'ai pas tué votre fils, je suis médecin et pas bourreau. Il s'agit d'une piqûre de neuroleptique, destinée à le neutraliser. Je ne veux pas qu'il commette d'autres bêtises avant l'opération. Je vais appeler une ambulance pour le conduire à l'hôpital.» Mme V. a repris brusquement ses couleurs et elle lance avec véhémence : «Docteur, c'est un assassin !» Tout en décrochant le téléphone pour appeler l'ambulance, le docteur Goebler répond : «Votre fils ne sera pas jugé, il n'était pas responsable au moment des faits.» Mme V. s'accroche à lui : «Mais il y a la victime, cette jeune fille, ses parents...» Le docteur la repousse sans ménagement : «Je suis médecin, un point c'est tout. Votre fils est un malade et je dois le guérir.» Lundi 20 septembre 1993. À neuf heures du matin, entouré de deux confrères, le docteur Goebler, neurochirurgien, commence l'opération de Mathias V. L'examen complémentaire qu'il a pratiqué, à l'aide, cette fois, d'un scanner véritable, lui a permis de localiser le lieu de l'intervention. L'opération est extrêmement éprouvante pour le malade. Elle doit se faire sans anesthésie avec juste une insensibilisation locale sur la peau du crâne, le cerveau, lui, étant un organe insensible. Mais pour que l'opération réussisse, à aucun moment le malade ne doit s'endormir, il faut le faire parler en permanence. Un jeune interne, qui a étudié la philosophie, commence donc à parler avec Mathias, de Descartes, de Platon... Et tandis qu'ils échangent tous les deux des raisonnements et des opinions, le docteur Goebler entreprend son intervention qui comporte une chance sur deux de réussite. Il découpe dans la boîte crânienne un trou large comme une pièce de cinq francs environ. Juste en dessous, il découvre un conglomérat sanguinolent de la grosseur d'une noix. C'est le résultat de la naissance difficile de Mathias, vingt et un ans plus tôt, et de l'application des forceps. C'est cette masse sanglante qui comprimait le cerveau du jeune homme et causait ses terribles désordres de comportement. Le reste de l'opération est difficile mais c'est une parfaite réussite. Au bout de trois heures, Mathias V., épuisé, regagne sa chambre d'hôpital. S'il n'y a pas de complication, il est sauvé... (A suivre...)