Compétition La corporation est fortement rivalisée par le marché informel des lunettes. Les prix et les fausses griffes sont les principaux ingrédients de cette concurrence déloyale. Les opticiens et lunetiers d'Oran font face, ces deux dernières années, à une féroce concurrence de vendeurs à la sauvette de montures qui cassent littéralement les prix, au grand bonheur de la clientèle soucieuse de faire des économies appréciables. Que ce soit dans les souks populaires, à M?dina J?dida, pôle commercial incontournable de la ville, ou encore au niveau des arcades du boulevard Larbi-Ben-M'hidi, au c?ur d'Oran, des dizaines de jeunes marchands investissent la place pour proposer une panoplie de montures et de lunettes solaires à des prix ne dépassant pas les 200 DA l'unité. Loin de se contenter d'écouler leur marchandise avec une facilité déconcertante vu les prix pratiqués, ces revendeurs occasionnels se transforment en ophtalmologistes et en opticiens, conseillant à leur clientèle des lunettes spécifiques à leur vue, à la morphologie de leur visage ou encore au taux de protection des verres contre les rayons ultraviolets. Ce «succès» réside surtout dans les prix nettement abordables des montures proposées sur le trottoir, habituellement cédées à 4 000 DA par les opticiens légaux et officiels, soit 200 fois le tarif pratiqué par ces vendeurs à la sauvette. Dans les milieux très au fait de cette situation, on souligne que la raison essentielle de cet état de fait réside dans le taux de remboursement très bas des lunettes et verres optiques par la Caisse nationale d?assurance sociale (Cnas) par rapport au prix d'achat réel. Un cadre de la Cnas estime que le taux de calcul du remboursement de ce type d'appareillage, datant des années 1980, est dépassé par la réalité du marché ouvert, depuis très longtemps, à l'initiative privée. Chez les opticiens, on explique cette cherté des produits par les conditions économiques qu'a vécues le pays et les difficultés rencontrées sur le plan de l?approvisionnements en matières premières ainsi que par les coûts très élevés des équipements importés, notamment ceux utilisés pour la confection des verres correcteurs en fonction de l'acuité visuelle du malade. Ces difficultés sont apparues après la levée du monopole de l'Etat sur ce genre de produits. Certains proposent la création d'une association de professionnels de l'optique pour mettre fin à cette «pagaille» que connaît le secteur et défendre leurs intérêts matériels et moraux.