Résumé de la 12e partie - Les experts, après plusieurs vérifications, se posent une question : en respectant à la lettre la procédure, l'équipage ne s'est-il pas condamné ? N'aurait-il pas dû engager une descente d'urgence et se poser au plus vite ? «Certaines compagnies insistent sur l'importance de se poser le plus rapidement possible. Après on a tout le temps d'effectuer la check-list. Pour d'autres, au contraire, c'est la check-list qui prime. Les manœuvres de descente doivent être faites après, si le problème subsiste», explique un pilote. «Cela vient d'ailleurs contredire ce qu'on apprend dès le début aux élèves pilotes. De la fumée, cela veut dire un incendie. Et en cas d'incendie, on se pose le plus vite possible», ajoute-t-il. «Malheureusement dans cette affaire, la check-list prenait les choses à l'envers. Il ne s'agissait pas d'abord de se dérouter, mais de voir s'il était possible de résoudre la difficulté. Et c'est comme cela qu'on se retrouve avec un problème qui vous tombe dessus sans qu'on s'y attende.» Les enquêteurs canadiens qui s'appuient sur la chronologie ne sont pas de cet avis. Pour eux, dans tous les cas de figure, le vol Swissair était condamné. Matériellement, les pilotes n'avaient pas le temps de se poser. «D'après nos calculs, on est parti d'un point de début de descente optimal à 30 000 pieds. C'est l'altitude enregistrée vers 22h14, ce soir-là. A partir de là, il leur fallait 13 minutes pour atterrir. Ce qui nous donne 22h27. Or, les pannes se sont succédé dès 22h24. On estime donc que dans de telles circonstances, l'équipage n'aurait jamais réussi à atterrir, vu les délais dont il disposait», explique un expert. Quelles qu'en soient les causes, l'incendie s'est propagé à une vitesse terrifiante. Et les enquêteurs savent désormais que les écrans individuels ne sont pas les seuls responsables. Il faut donc encore poursuivre les recherches. Un an plus tard, débute une nouvelle opération encore plus spectaculaire. Les autorités canadiennes louent carrément les services d'une drague hollandaise, Le «Queen Of The Netherland's». Objectif : remonter tous les débris de l'avion demeurés au fond de la mer. Le navire est équipé d'un gigantesque système d'aspiration, conçu pour collecter le moindre fragment. On va ainsi pomper plusieurs centaines de milliers de tonnes d'eau de mer, de vase et de débris ensuite recueillis dans la cale centrale. Ramenée à terre, la cargaison est stockée dans une enceinte spécialement aménagée. (A suivre...)