Intervention - Le Maroc use de l'agitation diplomatique contre l'Algérie comme prétexte visant à détourner l'attention de la communauté internationale de ses pratiques contre le peuple du Sahara occidental. C'est ce qu'a indiqué hier, lundi, l'ancien vice-président de la Minurso, Frank Ruddy, expliquant, dans un entretien à l'APS, que «le Maroc justifie ses pratiques contre le peuple du Sahara occidental en usant de prétextes infondés visant à détourner l'attention de la communauté internationale de ses pratiques contre le peuple du Sahara occidental et les violations des droits de l'Homme dans les territoires occupés». Il a affirmé, en outre, que «toutes les conditions pour la tenue du référendum d'autodétermination du peuple du Sahara occidental sont réunies», estimant à ce propos que «l'urgence est dans l'organisation de ce référendum, car c'est l'ultime solution et sa tenue définira le statut du Sahara occidental (indépendance, rattachement au Maroc ou large autonomie)». A la question de savoir si les Etats-Unis déterminaient leur aide à des pays en fonction du respect de ces derniers aux droits de l'Homme, cet ancien ambassadeur américain à la retraite a déclaré : «A mon avis, nous n'insistons pas sur cette exigence. J'ose espérer que cette attitude affichée, actuellement par les Etats-Unis va changer et prendra en considération l'élément des droits de l'Homme pour accompagner leurs décisions relevant de la politique étrangère.» Frank Ruddy est l'auteur du livre intitulé Le droit international et la question du Sahara occidental. S'agissant de la visite du roi du Maroc, Mohammed VI, aux Etats-Unis, où il s'entretiendra avec le président américain, Barack Obama, et de la place qui sera réservée dans les discussions à la question du Sahara occidental, l'ancien ambassadeur américain, a soutenu que «cette question ne sera pas abordée». «Je doute que le président Obama accorde un intérêt à la question du Sahara occidental durant sa rencontre avec Mohamed VI, vu que le président américain se trouve en ce moment dans une terrible situation, délicate, du fait qu'il n'a pas dit la vérité à son peuple sur son programme de réforme de santé, dite -Obamacare», a-t-il dit à ce propos. Parallèlement, le royaume du Maroc, responsabilisé dans le récent rapport de Charles Tannok et la résolution sur la politique européenne de voisinage (PEV) sur les violations récurrentes des droits de l'Homme au Sahara occidental, est sommé par l'Union européenne (UE) de rendre des comptes sur ces actes perpétrés dans un territoire occupé illégalement depuis 1975. Le rapport Tannok et la résolution de la PEV soulignent les inquiétudes de la communauté européenne sur l'état des droits de l'Homme au Sahara occidental. Adoptée par une large majorité d'euro-députés de différents groupes politiques, la résolution de la PEV, de par son contenu pertinent, s'inscrit en droite ligne avec la légalité internationale, déboutant, dans le même sillage, le lobby pro-marocain au sein de l'UE. Pillage des ressources naturelles L'exploitation illégale par le royaume du Maroc des ressources naturelles sahraouies, dénoncée par des institutions à travers le monde, a été notamment soulignée dans de nombreux documents et résolutions adoptés par le PE. Des études récentes révèlent que l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par l'occupant marocain représente 60% des exportations du royaume chérifien. La non-reconnaissance par les Etats membres de l'ONU du Maroc comme puissance administrant les territoires occupés du Sahara occidental constitue le fondement essentiel de la décision souveraine des Etats d'exclure le Sahara occidental de tous les accords économiques avec la Maroc. A citer, à ce propos, le cas des Etats-Unis, qui excluent dans leurs accords avec le Maroc les territoires occupés du Sahara occidental. Au sein de l'UE, les débats sont souvent tendus à ce sujet, à l'exemple de celui tenu au PE, récemment, autour de la convention de pêche UE- Maroc, à l'occasion de la réunion de la commission de la pêche et de l'agriculture.