Résumé de 2e partie Les techniciens de Houston ont compris : ce gaz en train de se répandre en traînée dans le vide de l?espace, c?est l?oxygène vital. En fait, tout le monde sait maintenant, à Houston comme dans le vaisseau spatial, qu?on frôle la catastrophe. Il ne s?agit pas d?une simple panne. C?est un accident majeur, encore incompréhensible, qui interdit la poursuite du vol. Et surtout, la vie de l?équipage ne tient plus qu?à un fil. Il y a maintenant quarante-cinq personnes dans la salle de contrôle de vol, cherchant à résoudre le problème. A quatre-vingt-dix mille kilomètres de la Lune, Haise fait répéter chacune des instructions que lui envoie cet état-major de crise. Il ne faut pas de malentendu, chaque man?uvre étant irréversible. Haise réagit comme un technicien. Après un premier choc d?une fraction de seconde, il s?est concentré sur ce qu?on lui a appris à l?entraînement. Il l?exécute avec toute la froideur et le sens du calcul dont il est capable. A Houston, la décision s?est vite imposée : abandonner la cabine. Deux des trois naufragés de l?espace vont se réfugier dans le module lunaire. Le véhicule de débarquement devient un canot de sauvetage. Et, tout de suite, la formidable machine de la Nasa s?adapte à la situation. Un nouveau plan de vol est bâti, des procédures de secours sont mises au point. Il n?y a plus, dans la cabine d?Odyssée, ni assez d?oxygène pour respirer ni assez d?énergie pour actionner les moteurs. Il fait moins six degrés. Impossible de mettre les combinaisons spatiales, trop encombrantes. L?habitacle principal n?est plus qu?un vaisseau en détresse. Tout ce qu?on peut espérer, c?est ramener les astronautes vivants sur Terre. Dans la cabine étroite, les minutes s?écoulent lentement. Swigert a du mal à admettre que le meilleur moyen pour revenir sur la Terre est de s?en éloigner. Il leur faut encore faire le tour de la Lune. Il se demande s?ils reviendront jamais. Une seule fois, il a jeté un coup d??il sur sa planète natale. Elle paraît toute petite, suspendue dans l?infini. Mais jamais elle ne lui a paru si belle. Aux douze millions de kilomètres qu?il a déjà parcourus, plus qu?aucun autre homme depuis la naissance d?Adam, Lovell, quarante-deux ans, commandant d?Odyssée, comptait ajouter un kilomètre de plus : celui qu?il devait faire sur la Lune en compagnie de son coéquipier Haise. Le voici maintenant sur une trajectoire qui le conduit à moins de soixante miles de la surface lunaire, mais qui ne permet plus la possibilité d?un retour libre vers la Terre. Les contrôleurs de vol donnent l?ordre de man?uvrer pour regagner la trajectoire de retour libre : ce que les astronautes appellent quelquefois un retour «à la fronde». Il faut d?abord allumer le propulseur de descente qui équipe le Lem. Il est calculé pour la dernière phase d?alunissage du module lunaire. Faute de cette mise à feu, ils iraient tout de même faire le tour de la Lune, mais quelques jours plus tard, ils partiraient à la dérive autour de la Terre. Et ils resteraient sur une orbite elliptique, ne s?approchant jamais plus à moins de deux mille neuf cents miles de notre globe? Il y a maintenant cinq heures que l?accident a eu lieu à bord d?Odyssée. Avant d?entreprendre le tour de la Lune, l'équipage procède à l?opération cruciale de rectification pour se réinscrire sur la trajectoire de libre retour : succès complet. Mis à feu pendant quelques minutes, le moteur du Lem fonctionne parfaitement. Au sol et dans l?espace, on reprend confiance. (à suivre...)