Résumé de la 4e partie A Houston, des problèmes sérieux se posent. Si le retour vers la Terre est désormais assuré, la rentrée dans l?atmosphère risque d?être délicate. La Chambre de commerce de Chicago fait savoir qu?à 11h, elle interrompra toutes ses transactions en hommage au courage et à la vaillance des astronautes américains. Odyssée fonce maintenant tout droit sur sa cible terrestre à dix mille kilomètres à l?heure. Pourtant, on ne peut croire à la fin du cauchemar. Trop d?inconnues subsistent encore. Les boulons explosifs qui doivent assurer le largage du module de service vont-ils fonctionner ? Le bouclier thermique de la cabine n?a-t-il pas été endommagé ? Les cosmonautes, eux, ne manifestent aucune nervosité. On croirait vraiment qu?ils reviennent d?une mission sans histoire. Ils ont seulement apporté quelques modifications à leur vocabulaire. La cabine est devenue le «frigo» et le module de service la «ferraille». A 15h 03, ils entreprennent de se débarrasser de cette ferraille. Les boulons fonctionnent et une poussée du moteur du Lem expédie dans l?espace le module désarrimé. Haise, qui, sur les instructions de Houston, le photographie tandis qu?il s?éloigne, s?exclame, ahuri : «C?est incroyable ! Tout un panneau a sauté. On voit le moteur. Quel gâchis !» Les batteries du Lem, qui aura rempli son office jusqu?au bout, sont maintenant branchées sur celles de la cabine, qu?elles rechargent. Puis c?est la séparation. «Dommage, murmure l?un des cosmonautes, j?aurais bien aimé avoir ce brave Lem tranquillement installé dans mon jardin.» A Houston, Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la Lune, est venu aider ses camarades. Il réagit en contrôleur. Il a tout de suite pensé à la solution du problème. Il aligne des chiffres. Il n?est pas étonné que ses trois copains n?aient pas un mot de trop, pas un salut aux familles et aux amis de la Terre, pas un aveu, pas la moindre trace de ce qu?on appelle dédaigneusement à Houston le «romantisme». Entre les consoles et les ordinateurs, les trois équipes de contrôleurs se sont succédé : la blanche, la noire et la rouge, chacune pendant huit heures. Tout cela sans panique. C?était presque un exercice intellectuel. Tous ces techniciens sont jeunes, nés avec le programme spatial. Ils ne parlent pas la même langue que les autres humains. Ils ont du mal à échapper à leur vocabulaire, qui s?enrichit chaque jour de nouvelles expressions. Pour eux, il n?est pas de problème qui ne soit soluble. A la limite, la mort d?un homme dans l?espace est moins préoccupante que la mise en cause d?un système. Les contrôleurs sont là pour rendre les systèmes «fiables». Un journaliste, impressionné par l?atmosphère de Houston, ose écrire qu?un jour la Terre entière, avec ses grèves, ses émeutes, la drogue, les guerres stupides, aura besoin d?hommes de ce genre. Ils sauront, eux, régler ces problèmes et rendre la Terre «fiable». Il est 18h 30. La cabine se trouve à vingt et un mille kilomètres du sol et sa vitesse approche les vingt mille kilomètres à l?heure. A 18h 53, elle atteint trente-neuf mille kilomètres à l?heure. Odyssée pénètre dans les couches denses de l?atmosphère et, aussitôt, c?est le black-out radio. On songe aux trois hommes cernés par les flammes, écrasés sur leurs couchettes par la décélération? Soudain retentit la voix de Lovell : «O.K. Joe ! O.K. Joe !» Quelques secondes plus tard, Mme Lovell avec ses enfants et Mme Haise, enceinte, pleurant de joie, voient s?épanouir sur l?écran de leur télé les corolles des trois grands parachutes qui vont poser doucement sur la planète Terre la capsule spatiale Odyssée. La plus grande aventure de tous les temps, celle de l?espace, est l?affaire d?une nouvelle race d?aventuriers : des gens habitués à discuter avec des ordinateurs, ce qui exclut le verbiage et notamment l?expression des sentiments. Ces hommes en éprouvent-ils encore vraiment ? Pour l?avenir de la Lune, l?absence d?émotivité fait partie des aptitudes requises?