Résumé de la 1re partie - Mais qui est cette élégante et belle dame que le maître d'hôtel conduit à sa table ? La même question courait sur toutes les lèvres. Le mystère enveloppait la dame en vert. Qui pouvait être cette beauté blonde ? Pourquoi se trouvait-elle à bord ? Où allait-elle ? Comment se faisait-il que cette Française éblouissante fût seule ? Durant tout le dîner, les convives intrigués, ne parlèrent que de la belle passagère. Enfin, la salle à manger se vida au profit du grand salon des premières où le bal du vingt-cinquième anniversaire venait de commencer : là aussi les baies restaient ouvertes sur le pont circulaire. La Française s'y rendait à son tour et s'apprêtait à allumer une cigarette lorsqu'un passager, au visage à la fois énergique et calme, s'inclina devant elle, sans prononcer une parole, pour l'inviter à danser. Elle pencha légèrement la tête en signe d'acquiescement et le nouveau couple se mêla aux autres. L'homme dansait admirablement ; sa partenaire s'abandonna au tourbillon. De temps en temps, elle jetait à la dérobée un regard à son cavalier. De quel pays pouvait-il être ? Il paraissait une quarantaine d'années. Son visage était resté jeune ; les tempes, à peine grisonnantes, lui donnaient un air sérieux, réfléchi. Il était grand, la dominant de toute la tête, elle, dont la taille dé-passait déjà la moyenne. Cet inconnu l'impressionnait. Il semblait trouver naturel de danser avec la plus jolie femme de l'assistance. A eux deux ils constituaient le couple idéal.Tant de gens, autour d'eux, étaient mal assortis : vieilles femmes accompagnées d'hommes beaucoup plus jeunes qu'elles, jeunes beautés escortées par des hommes chauves et ventripotents. L'orchestre s'arrêta pour la reprise. — Je vous remercie, Madame, d'avoir bien voulu m'accorder cette danse. Permettez-moi de me présenter : Robert Nicot. J'ai appris que nous étions compatriotes ; mon audace est même allé jusqu'à demander au commissaire du bord qui vous étiez ! J'ai pu découvrir ainsi que vous aviez un prénom adorable : Chantal. — Il vous plaît ? Robert ne m'est pas non plus antipathique. Insensiblement, en parlant, Chantal et son cavalier s'étaient approchés de l'une des baies ouvertes sur le pont circulaire et se retrouvèrent accoudés à la barre de protection, regardant l'immensité sombre de la Méditerranée. Vous allez en Australie ? demanda-t-elle. — Non. Je m'arrête à Singapour où je dois prendre la direction de la nouvelle usine d'électricité. Je suis ingénieur. — Pas trop de regrets d'avoir quitté la France ? — Aucun. Je n'y ai laissé personne derrière moi. (A suivre...)