Initiative n Tarwi Tebarwi est l'intitulé de la nouvelle production du théâtre national algérien (TNA). Partant de l'histoire d'un couple, Eugène Ionesco extrapole et met en scène l'étrangeté des rapports humains et leur complexité. La pièce met, en effet, en scène un homme et une femme, en couple depuis 17 ans, qui s'entredéchirent sans répit alors qu'autour d'eux la guerre fait rage. Ni les coups de feu ni les explosions qui assiègent leur masure ne parviennent à interrompre leur querelle incessante. Alors que tout s'écroule autour d'eux, chacun campe sur ses positions et ne concède rien à l'autre. «C'est une pièce sur le couple, sur ses difficultés à communiquer, à cohabiter et à s'aimer. Mais c'est aussi et surtout une pièce sur le monde et sur son impossibilité à trouver son harmonie», explique-t-il, et de s'interroger : «Car au-delà de son histoire personnelle, ce couple n'est-il pas le microcosme de la société et du monde ?» Ahmed Khoudi n'est pas à sa première mise en scène en tamazight. Il a à son actif deux autres pièces : En attendant Godot de Samuel Beckett, et Tartuffe de Molière. S'exprimant sur le choix du registre linguistique, il dit : «La langue s'est imposée par elle-même, parce qu'il y a un public amazighophone ici à Alger et aussi partout ailleurs à travers le pays. En fait, c'est pour répondre aux attentes de ce dernier. C'est aussi parce qu'il y a un festival de théâtre amazigh qui se tient à Batna. Le TNA a souhaité y participer, et cela explique le choix d'une pièce en tamazight.» Notons que cette pièce sera présentée à Tizi Ouzou, Boumerdès et Bouira. Pour Ahmed Khoudi, si le ministère de la Culture a décidé de créer un festival, c'est pour qu'il y ait une production théâtrale en langue amazighe et que des troupes puissent évoluer dans ce domaine-là. En d'autres termes, c'est pour développer un théâtre algérien d'expression amazighe. D'où la question : «Qu'en est-il de ce théâtre ?» «Le théâtre en tamazight est à ses débuts», souligne Ahmed Khoudi, et d'insister : «Il est à ses premiers balbutiements, il a à peine une dizaine d'années d'existence. Cela fait effectivement dix ans qu'on produit des textes en tamazight, même s'il y a déjà eu des amateurs qui écrivaient des pièces dans cette langue.» Donc, le travail commence à se faire, mais, selon lui, le théâtre algérien d'expression amazighe connaît des difficultés. «Comme le théâtre qui se fait en arabe, celui en tamazight, a vraiment des difficultés, notamment au niveau des textes. Il y a une réelle crise de textes. Il y a un manque de textes capables d'assurer la production. On n'a pas d'auteurs», regrette-t-il. Yacine Idjer