Ahmed khoudi est metteur en scène. Il a son actif plusieurs pièces théâtrales dont la dernière «Tarwi Tabarwi», en langue amazigh, a été montée en collaboration avec le Théâtre national algérien (TNA). Cette production est une adaptation du texte original «Délire à deux» d'Eugene Ionesco et la générale est prévue pour ce soir au TNA. Nous avons rencontré Ahmed Khoudi, et nous avons évoqué ensemble cette pièce, ses projets et une foultitude d'autres sujets. La NR : Comment vous est venue l'idée de monter cette pièce théâtrale ? Ahmed Khoudi : C'était l'idée du directeur du Théâtre national algérien, M'hamed Ben Guettaf, il voulait monter une pièce en kabyle au TNA, il me l'a proposé. Après s'être mis d'accord, j'ai commencé à travailler sur cette pièce à partir de l'œuvre d'Ionesco que j'ai moi-même choisi. Cette œuvre nous livre une réflexion profonde et déchirante sur la nature humaine. Cette pièce nous a pris 7 semaines de répétitions, entamées le 6 octobre dernier. Tous les comédiens sont issus de l'école de Bordj El-Kiffan. Quant au titre «Tarwi Tebarwi», c'est en référence à la célèbre chanson de Slimane Azem, chantée dans les années 1960. Peut-on connaître l'histoire de la pièce ? C'est une pièce sur le couple, sur ses difficultés à communiquer, à cohabiter et à s'aimer, toujours entrain se disputer, enfermé dans une chambre, et qui est en conflit depuis 17 ans. Il s'agit, en fait d'une représentation féroce d'une tragédie entre deux êtres humains qui se déchirent et se détruisent mutuellement sous le bruit d'une effroyable guerre dans une ambiance entre la tragique et le comique. Dans cette pièce, le jeune comédien Yassad Abdenour incarnera le rôle du mari, la comédienne Nabila Ibrahim campera le personnage de l'épouse, quant à Kaci Chabi, il sera dans le rôle de l'immigré et enfin Naït Ali Mustapha incarnera le rôle du militaire. «Tarwi Tebaroui», est une adaptation de Mouhaouche Nasser, diffère-t-elle de l'œuvre originale d'Eugene Ionesco «Délire à deux» ? En fait, c'est une nouvelle version, on a voulu modifier quelques séquences de la pièce, on a changé quelques événements concernant les conflits entre le couple et aussi, on a modifié quelques séquences vers la fin de la pièce, en se basant toujours sur des effets sonores de la guerre et le bruit intense des bombes. Cette pièce écrite en 1962 par Eugène Ionesco met en scène l'étrangeté des rapports humains et leur complexité. Avec cette pièce, quel message vouliez-vous véhiculer au public ? Je voulais transmettre la réalité de la difficulté d'exister et la difficulté de trouver une harmonie entre les êtres humains et je voulais, aussi monter les souffrances et les tragédies vécues par les différents peuples arabes dans une société qui se déchire. Quelle sera, selon vous, la réaction du public d'autant que la pièce sera représentée au public en langue amazigh, sachant qu'elle n'est pas accessible à tout le monde ? Bien au contraire, le public algérois comprend la langue amazigh et je peux vous assurer qu'une langue quelle que soit son origine n'a jamais été un obstacle pour le théâtre. Dans une salle on trouvera toujours des connaisseurs de cette langue et la pluparts des Algérois sont des kabyles et je tiens, aussi à signaler que le public algérois est très réceptif même si on lui propose par exemple une pièce en allemand, il comprendra (rire) et je tiens, aussi à vous dire que la langue amazigh a toujours sa place dans le théâtre. Cette nouvelle pièce sera prochainement en tournée ? Effectivement, elle sera jouée à Tizi-Ouzou, Bouira, Boumerdès et nous allons participer avec cette pièce au Festival du théâtre amazigh de Batna qui se déroulera du 10 au 18 décembre prochain.