Résumé de la 1re partie - La légende urbaine, telle que rapportée par des témoins qui s'étaient confiés à des médias nationaux, veut que ce château des Deux-Moulins soit devenu, au fil du temps, une maison hantée. Une vingtaine de familles ont habité «illégalement dans le château des Deux-Moulins», se souvient-on. «C'était pareil pour les anciens bungalows des Français, des gens originaires de l'est du pays s'y sont installés. Il y a quelques années, les autorités ont rasé toutes ces habitations clandestines», explique un sexagénaire en se rapprochant du bord de mer pour montrer les étendues vides sur la côte, à l'emplacement passé des bungalows. Quant au château, lorsque les familles qui y habitaient illégalement sont parties, il est resté complètement à l'abandon. Le bâtiment a continué à ne pas être entretenu et plus personne ne s'y rend, «à part des ivrognes et des drogués», précise Ali. Pour preuve, des dizaines de tessons de bouteilles et des milliers de débris de verre jonchent le sol de la maison en ruine. Le château des Deux-Moulins aurait été construit par un baron à l'époque coloniale puis légué ou vendu aux autorités françaises pour que la bâtisse soit consacrée à l'éducation des enfants. Dans les années 1950, le château devient donc l'école primaire des Deux-Moulins. Plusieurs habitants du quartier, qui vivent toujours dans les alentours, ont fréquenté cet établissement scolaire mixte. «C'était notre école primaire», se souvient M. Bouchaïr. «J'y ai étudié pendant cinq ans.» Ali n'est pas resté aussi longtemps que son ami dans cette école. «J'ai étudié dans le château pendant un an et demi», précise-t-il. «En fait, je n'ai pu y entrer qu'à l'âge de 9 ans», explique l'homme qui a aujourd'hui la soixantaine, «normalement, on pouvait y aller à 5 ans, mais moi l'armée française n'a pas voulu m'y inscrire, j'ai dû attendre un certain temps pour avoir l'autorisation». A l'époque, Français et Algériens fréquentaient ensemble cette école. «Il y avait un peu plus de Français, mais on était quand même plusieurs Algériens dans chaque classe», se rappelle Ali. En revanche, le déséquilibre était plus important du côté des maîtres et des maîtresses. «Tous les instituteurs étaient des Français, un seul était Arabe», souligne M. Bouchaïr. Un jour de l'année 1962, quelque temps avant l'indépendance, tout a changé. «L'école a été plastiquée par l'OAS pendant la nuit», témoignent MM. Bouchaïr et Ali. Les autres hommes âgés qui se tiennent à côté d'eux approuvent d'un hochement de tête. Du jour au lendemain, aucun enfant n'est retourné étudier à l'école primaire des Deux-Moulins. La charge de plastic déposée par l'Organisation armée secrète (OAS) a provoqué une explosion qui n'a abîmé qu'une partie du bâtiment. «Le château a été un peu affecté mais pas tellement», raconte Ali. Il était apparemment encore en bon état, ce qui explique que plusieurs familles s'y soient installées 10 ans plus tard. C'est à cette époque-là que la bâtisse a commencé à se dégrader, affirment les habitants du quartier. (A suivre...)