Manifestations - Draâ El-Mizan ville morte, escarmouches à Tizi ville et des Apc fermées, sont le lot quotidien d'une wilaya où le ras-le-bol prend des proportions inquiétantes. Plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou connaissent depuis quelques jours un vent de protestation qui semble se propager comme une traînée de poudre. La ville de Draâ El-Mizan a été paralysée dès les premières heures de la matinée d'aujourd'hui par une grève générale à laquelle ont appelé les habitants des cités 148, 48 et 20-Logements qui réclament de l'électricité et du gaz de ville qu'ils attendent depuis plusieurs années. Ainsi tout est resté fermé : institutions, écoles, routes bloquées, etc. Cela, alors que la commune et la daïra d'Aït Yenni et celles de Makouda sont fermées depuis quelques jours par les habitants. Le chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou a connu des moments de forte tension dans la journée d'hier suite aux escarmouches qui ont secoué la cité «Les Fonctionnaires». Des dizaines de jeunes de ladite cité, sise à l'est de la ville, près du siège de la wilaya, se sont affrontés aux forces de sécurité. La raison : les manifestants ont décidé d'empêcher la construction d'un immeuble sur le seul et unique espace vert que compte cette cité. Il faut dire que ce genre de manifestation n'est le premier du genre au niveau de la ville des Genêts où la mafia du foncier n'a laissé aucun espace vert à telle enseigne que les quartiers sont devenus simplement et purement des cités dortoirs. Les forces de sécurité ont vainement tenté de disperser la foule et de permettre à l'entreprise d'entamer les travaux de construction de l'immeuble dans un jardin public. On dénombre deux blessés légers. A Ath Yenni, 45 km au sud-est de la capitale du Djurdjura, la colère est aussi à son comble. En effet, près d'une centaine de non-bénéficiaires de logements sociaux ont procédé à la fermeture des sièges de l'Apc et de la daïra, depuis mercredi dernier, pour exprimer leur rejet de la liste des bénéficiaires des logements sociaux. Ils crient au favoritisme des élus locaux qui ont, selon eux, privilégié leurs proches et amis dans l'octroi de logements. Un protestataire a même entamé une grève de la faim depuis lundi dernier au siège de la mairie pour dénoncer son exclusion de la liste des bénéficiaires. Il s'agit de Hamel Abdelwahid, employé à l'entreprise Eniem. Plusieurs autres protestataires ont relayé le mouvement et entamé une grève de la faim. Selon lui, les membres de la commission d'attribution de logements, qui est présidé par le chef de daïra, ont fait preuve de favoritisme dans l'attribution des logements. Les protestataires qui dénoncent, par la même occasion, la mauvaise gestion des affaires de la cité, ont haussé le ton et comptent mener leur action jusqu'à la satisfaction de leurs doléances et l'annulation pure et simple de la liste publiée et ce, malgré toutes les tentatives du P/APC de calmer les protestataires en annonçant le lancement immédiat de la réalisation de 50 autres logements sociaux pour les «recalés». Pour sa part, la commune de Makouda, 21 km au nord de Tizi Ouzou, renoue, une fois de plus, avec les mouvements de protestation. Il faut dire que cette commune bat tous les records de fermetures. En effet, il ne se passe pas deux à trois semaines sans que les habitants de l'un ou l'autre des villages que cette commune compte, viennent fermer les portes de l'APC pour réclamer leur part de développement, à telle enseigne que le P/APC a décidé de déplacer certains services vers l'annexe du village Attouche. Cette fois, ce sont les habitants du village Semghoun qui ont procédé à la fermeture du siège de la mairie, de la daïra et même de l'annexe de la mairie du village Attouche depuis lundi dernier pour réclamer leur part de projets. Les villageois crient à l'exclusion de leur village du long programme de projets destiné à cette commune qui comporte 19 projets dans plusieurs secteurs. Une enveloppe budgétaire de 24 milliards de centimes est, d'ailleurs, allouée à ce programme tant caressé par les habitants de Makouda. Notons que les principales réclamations des villageois résident en leur raccordement aux réseaux d'AEP, Internet, gaz de ville, la réalisation d'une aire de jeux et la reconstruction d'une partie de l'école effondrée. Cependant, selon les protestataires, aucun projet n'a été retenu par l'APC. Notons que les institutions suscités et même la RN72 qui ont été fermées à la circulation automobile par les manifestants, le sont depuis une semaine.