Mission - L'armée française a renforcé dans l'urgence son dispositif chargé en priorité de désarmer les milices et les groupes armés. Dans la matinée d'hier, samedi, près de 200 militaires de l'opération française «Sangaris», venus par la route du Cameroun, ont fait leur entrée à Bouar à l'ouest du pays. A Bangui, les soldats français sont montés en puissance dans les rues toujours jonchées de cadavres, après les tueries inter-religieuses de jeudi passé qui ont fait près de 300 morts. Paris a annoncé à l'issue d'un sommet France-Afrique que le contingent français atteindra 1 600 hommes, soit 400 de plus qu'annoncé jusqu'à présent. Les soldats de «Sangaris» auront désormais pour mission prioritaire de mettre fin aux massacres et de désarmer toutes les milices et groupes armés. Ils demeureront dans le pays «autant que nécessaire pour cette mission», et jusqu'à la tenue d'élections, a souligné le chef de l'Etat français, alors que Paris n'évoquait jusqu'à présent qu'une intervention limitée dans le temps, autour de six mois. Quelques heures plus tôt, venue du Cameroun, une colonne blindée d'environ 200 soldats français avait traversé la frontière et atteint dans la matinée la ville de Bouar à 370 km au nord-ouest de Bangui. Longtemps base militaire française, Bouar est un centre névralgique de l'ouest de la Centrafrique. La région voisine de Bossangoa a été le théâtre ces dernières semaines de violences à grande échelle entre les combattants Séléka et les populations locales. Dans Bangui, les militaires français quadrillaient hier, samedi, les principaux axes, alors que reprenait un semblant de vie. Les combattants de la Séléka, qui avaient reçu la veille l'ordre des autorités de rester dans leurs casernes, se sont contentés d'observer le déploiement des Français, impassibles et l'arme au pied. Les personnels de la Croix-rouge ont continué quant à eux leur macabre ramassage des cadavres mutilés qui jonchent encore certaines rues et dégagent une odeur pestilentielle. Alors que la ville a connu un semblant de reprise d'activités, la présidence centrafricaine a appelé les fonctionnaires à retourner au travail. Signe cependant de la peur toujours omniprésente dans les esprits, les rues se sont vidées dès l'après-midi, bien avant l'heure du couvre-feu, soit à 18H00. Dans la foulée d'un feu vert de l'ONU, l'opération française avait été lancée jeudi dernier en appui à une force africaine sur place (Misca). Hier samedi, les hommes en armes, pour la plupart éléments de l'ex-Séléka, étaient nettement moins nombreux à déambuler que les jours précédents dans la capitale, où seules les forces africaine, française et la sécurité présidentielle sont désormais autorisées à patrouiller. Après avoir subi des mois durant les exactions des ex-rebelles Séléka, venus du nord du pays beaucoup de Centrafricains aspirent à la vengeance. Cette colère des populations contre les Séléka s'est progressivement reportée contre les civils musulmans, avec massacres et cycle infernal des représailles.