Des affrontements entre partisans et adversaires de la Séléka, ancien groupe rebelle qui a pris le contrôle en mars de la capitale Bangui, ont fait une soixantaine de morts depuis le début de la semaine en République centrafricaine, ont rapporté mercredi des témoins et un responsable local. Depuis que les Nordistes de la Séléka ont déposé le président élu François Bozizé, la Centrafrique s'est enfoncée dans le chaos. Des heurts se sont multipliés entre chrétiens et musulmans - ces derniers seraient soutenus militairement par la Séléka. L'incapacité du gouvernement de transition à rétablir le calme a poussé la France, ancienne puissance coloniale, à déposer mardi un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l'Onu en vue de transformer la mission de l'Union africaine dans le pays (Misca) en une opération de maintien de la paix sous l'égide des Nations unies. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius se rendra dimanche à Bangui pour faire le point sur la situation. Lundi, des milices d'autodéfense "anti-balaka" ("anti-machettes") ont attaqué une position de la Séléka dans le village minier de Gaga, à 250 km au nord-ouest de Bangui, tuant quatre anciens rebelles avant de s'en prendre à des civils musulmans. En représailles, des combattants de la Séléka ont agressé des chrétiens du village, ont rapporté des témoins. "Nous attendons des renforts avant de nous rendre là-bas. Selon les renseignements que nous avons recueillis auprès de rescapés venus de Gaga, nous pensons qu'il y a eu plus de soixante morts", a dit Judicaël Kama, un gendarme de la ville de Yaloké, à 35 km de Gaga, où de nombreux blessés ont été recueillis. "Les combattants de la Séléka sont allés de maison en maison en semant la terreur", a raconté par téléphone à Reuters Raymond Kitivo, blessé lundi. La semaine dernière, des combats entre chrétiens et musulmans ont fait 14 morts dans la ville de Bangassou, dans l'est du pays.