Résumé de la 18e partie - Chantal accepte de dîner avec M. Nicot. Elle fait une entrée remarquée dans la salle à manger de «L'Empress of Australia»... Pendant ce dialogue, échangé à la table du plus grand chasseur de tigres du Royaume-Uni, la voix nasillarde de Mrs Smith ne restait pas silencieuse et confiait à la cohorte des parasites qui l'accompagnaient dans ses déplacements pour lui constituer une cour obséquieuse : — Figurez-vous que cette femme s'est évanouie brusquement au bar américain, ce matin, lorsqu'elle a aperçu mon adorable petit Siaô ! Le médecin est même venu me prier à l'avenir de laisser la pauvre bête enfermée dans ma cabine pour éviter que cette Française ne le rencontre de nouveau. Vous avouerez que c'est inconcevable. Je ne tiendrai aucun compte de cette requête et je continuerai à promener Siaô dans tout l'Empress of Australia à chaque fois que ce sera nécessaire pour sa santé oui, Siaô est sujet à la neurasthénie... Chantal et Robert parlèrent peu pendant le dîner. Il semblait que chacun d'eux voulait savourer le plaisir secret de ce premier repas pris en commun ; de temps en temps, l'ingénieur posait quelques questions banales, auxquelles la jeune femme répondait évasivement. Un seul point tourmentait Robert : la raison profonde du malaise ressenti à la vue du chat siamois. Sans savoir exactement pourquoi, il sentait que le chat n'était pas directement en cause, mais représentait un danger mystérieux et redoutable. Quand tous deux se retrouvèrent sur le deck, après le dîner, installés dans des rocking-chairs, l'ingénieur ne put contenir plus longtemps sa curiosité — Maintenant que ce dîner vous a complètement remise d'aplomb, permettez-moi de vous poser une question à laquelle vous ne répondrez que si vous ne la trouvez pas trop indiscrète. Pourquoi n'aimez-vous pas les chats siamois ? — Voulez-vous me faire un grand plaisir, Robert ? - c'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom - ne me parlez jamais de l'incident du bar ! Sachez que je suis très nerveuse, c'est tout. Il n'insista pas. — Vous ne trouvez pas qu'il fait frais sur ce pont ? dit-elle. — Précisément ! Peut-être préférez-vous rentrer ? Chantal s'était levée : — Ne m'en veuillez pas. Je crois que je vais rejoindre ma cabine : après une nuit complète de repos, je me sentirai tout à fait vaillante. J'aurais pourtant aimé passer cette soirée avec vous. Nous avons tellement de choses à nous dire ! — Ou à ne pas dire, trancha l'ingénieur. — Déjà jaloux ?... Je trouve pourtant que nous sommes devenus très vite de grands amis pour des gens qui ne se connaissaient pas la veille et qui ignorent tout l'un de l'autre ! (A suivre...)