Résumé de la 17e partie - Chantal dit à Mme Royer que son «ami sérieux» est M. Berthon, l'époux de l'une de ses meilleures clientes... Il valait mieux l'obliger agir de lui-même pour obtenir un résultat, Chantal ne voyait qu'un moyen de lier sa destinée à celle de l'agent de change, même si celui-ci venait à mourir. Il ne s'agissait pas de mariage ce serait trop long, il faudrait d'abord un divorce. Chantal appréciait la vie à trois : Mme Berthon lui offrait, sans s'en douter, l'inestimable service de la débarrasser de son protecteur pendant la plus grande partie de la semaine. Non, le moyen trouvé par Chantal était beaucoup plus efficace : elle ne serait d'ailleurs pas la première femme à l'utiliser. Sa conscience, atrophiée depuis longtemps, ne s'était même pas révoltée contre l'idée de l'employer. La rêverie de la belle passagère de «l'Empress of Australia» fut interrompue par deux coups discrets frappés à la porte de la cabine et suivis de l'apparition de Williams. — Que Madame m'excuse... Je suis chargé de lui transmettre un message de M. Robert Nicot, qui s'inquiète de sa santé ? — Vous pouvez dire à ce monsieur que je suis complètement rétablie. — Dans ce cas, poursuivit la voix cérémonieuse du steward, M. Nicot demande si Madame lui fera le plaisir de vouloir bien dîner, à la même table que lui ce soir ? — Dites à M. Nicot que nous associerons nos solitudes à la salle à manger ! Nous nous retrouverons à huit heures dans le grand salon. L'entrée du couple fit sensation parmi les dîneurs. Chantal portait une longue robe en crêpe marocain noir, dont l'encolure très montante cachait complètement sa poitrine en atteignant la base du cou mais laissait son admirable dos nu jusqu'à la naissance des reins. Les trois émeraudes accompagnant la robe verte de la veille avaient été remplacées par trois diamants un solitaire à l'annulaire de la main gauche et deux pendentifs, taillés en poire, prolongeant le lobe des oreilles. Chantal et l'ingénieur se dirigèrent vers la table, où deux couverts les attendaient, sans paraître se préoccuper le moins du monde des nouveaux commentaires fusant sur leur passage. — Cette femme me fait l'effet d'une aventurière, confia lady Winhardt au major Bartlett, son voisin de table. — Sans doute, reconnut le major. Mais une aventurière de grande classe... — Qui est le monsieur ? — Je l'ignore... — Pourquoi ne serait-il pas tout simplement l'amoureux ? Il est beau. — Chère lady Winhardt, s'exclama le major Bartlett, toujours romanesque. Au fond, vous avez raison : l'aventure n'exclut pas l'amour. (A suivre...)