Evocation - Azzedine Guerfi avait annoncé il y a un mois cette rencontre avec l'auteure de Mémoires d'une combattante de l'ALN. Zone autonome d'Alger. Hier le rendez-vous a eu lieu face à une assistance plurielle. Nombre d'entre les personnes présentes étaient ces enfants de La Casbah d'Alger venus avec un exemplaire du récit sous le bras pour une dédicace, heureux pour certains qu'une personnalité comme Zohra Drif vienne faire la lumière sur un de leurs proches, amis ou enfants de quartier ayant tous milité au sein de la Zone autonome d'Alger (ZAA) et que l'histoire a jetés aux oubliettes. La lecture de certains passages du livre par des tierces personnes a donné l'occasion à Zohra Drif de commenter les extraits et de les situer à travers de dates, d'événements et d'anecdotes. Egale à elle-même, d'une voix posée, cette avocate retraitée et femme politique a expliqué le pourquoi de ces mémoires. Le décès de son amie d'enfance et sœur de combat, Samia Lakhdari, native de Tiaret, partie sur la pointe des pieds dans l'anonymat alors que son engagement politique à la fleur de l'âge, et son entrée dans la lutte pour l'indépendance ont été un acte de foi. Et Zohra Drif d'affirmer que ce fut le déclic pour l'écriture de ce livre. Le premier extrait lu est explicite en lui-même sur cette peur de ne pas laisser à la postérité ce que fut sa vie à elle, celle de ses compagnes et compagnons de lutte : «Ce livre se veut un retour sur le passé glorieux inconnu par la jeune génération ...» Elle l'a senti comme «un devoir à accomplir» «En juin 2012, Samia Lakhdari, mon amie, ma sœur de combat, s'en est allée définitivement, comme elle a vécu : discrètement, sur la pointe des pieds. Après l'avoir enterrée dans un quasi-anonymat, je me suis rendu compte que j'enterrai dans les mêmes conditions une grande part, non seulement de moi-même, mais de nous-mêmes...», a-t-elle dit. Au fur et à mesure de la lecture des différents passages, la vice-présidente du Conseil de la nation a commenté, expliqué, mettant en exergue la mémoire de chaque chahid ou moudjahid ayant évolué et milité au cœur de la ZAA. D'abord ce fut Boualem Oussedik, frère de son amie de lycée. Il a été celui qui a orienté Zohra Drif et Samia Lakhdari étudiantes à l'université d'Alger vers le réseau FLN. Elle avoue qu'elle ne savait pas ce qu'était le MNA, qu'elle a refusé de rejoindre le PCA, bien qu'elle fût lectrice comme tous les jeunes universitaires algériens du journal Alger Républicain, mais que le sigle FLN, abréviation de Front de Libération nationale lui paraissait le plus réunificateur. C'est ainsi qu'elle et Samia entrent de plain-pied dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. On saura que les deux amies ont cultivé intelligemment leur anonymat en refusant de rejoindre l'Ugema mais, signale-t-elle : «Nous, Samia et moi, avons soutenu avec les étudiants algériens André Mandouze ?» Les acteurs de la ZAA reviendront au cœur du quartier de Bab El-Oued pour un après-midi, hanter cette partie de la vieille ville qui a énormément souffert les pires exactions durant la Lutte de libération. Ali la Pointe, Ben M'hidi, Oukhiti, Ramel ...