Souffrances - Deux enfants syriens, dont un bébé de six mois, «sont morts de froid» en Syrie alors qu'une tempête glaciale balaie le pays en guerre et d'autres pays voisins. Plus de trois millions de Syriens ont fui les raids et les bombardements dans leur pays. La plupart d'entre eux s'entassent dans des camps de misère ou risquent leur vie pour gagner les rives européennes par la mer. Au Liban, des familles entières survivent dans des abris de fortune installés dans des champs qui seront bientôt recouverts de neige. Dans ce pays , plus de 825 000 réfugiés Syriens sont enregistrés, mais en réalité ils sont près d'un million, soit un quart du nombre de ses habitants. Ce petit pays a laissé sa frontière ouverte mais le gouvernement a refusé la création de camps. Conséquence: des centaines de petits campements informels ont vu le jour, notamment dans la plaine de la Bekaa, dans l'est. Les abris sont faits de bouts de plastique récupérés et tendus sur des cadres en bois et le sol se transforme rapidement en champ de boue aux premières pluies. «L'hiver ici, c'est quelque chose de terrible», dit Fatima Hahnoun, venue de la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. «L'an dernier, le sol était complètement gorgé d'eau, nous ne pouvions pas sortir de la tente sans nous enfoncer dans l'eau et la boue jusqu'aux genoux». «Les dons n'ont pas augmenté proportionnellement au nombre de réfugiés», déplore Roberta Russo, porte-parole du Haut Commissariat pour les réfugiés. Le système éducatif n'a pas été capable d'absorber les jeunes et 200 000 ne sont pas scolarisés. A la frontière sud de la Syrie, la Jordanie a construit des camps pour les réfugiés dont celui de Zaatari, en plein désert. Là, les 130 000 Syriens sont à la merci du soleil de plomb l'été et des pluies diluviennes l'hiver. «La seule solution est de retourner en Syrie, car ici le camp n'est rien d'autre qu'une immense prison», dit Hassan Nashwa. En août dernier, environ 50 000 Syriens ont traversé la frontière avec l'Irak pour se rendre dans la région autonome kurde (nord). En Turquie, au moins 200 000 Syriens survivent dans des camps à la frontière du nord-est de la Syrie et 400 000 sont disséminés à travers le pays. A Istanbul, des familles bivouaquent dans les jardins publics. En Egypte, les Syriens sont traqués par les autorités qui veulent les expulser. La Suède s'est dite prête à accorder un droit de séjour aux Syriens qui demanderaient l'asile. La famille Hodel a acheté de faux passeports belges pour fuir la Syrie et se rendre en Suède, et pour Khaled, le père de famille, cela valait le coup. «Nous voulons vivre ici et avoir la nationalité suédoise», dit-il, rêvant de voir sa fille devenir médecin. Une poignée de chanceux ont trouvé asile dans ce pays, ou en Allemagne, mais la quête d'un avenir meilleur s'est terminée pour beaucoup d'autres en Bulgarie, pays le plus pauvre de l'Union européenne, dans des abris surpeuplés. Avec des Africains, certains choisissent, au péril de leur vie, de monter dans des rafiots partant d'Afrique vers l'Europe ou d'Asie vers l'Australie, et versent des milliers de dollars à des trafiquants peu scrupuleux. En dépit des préparatifs pour la conférence de paix à Genève prévue en janvier prochain, les ONG craignent que le nombre de réfugiés n'augmente encore en Turquie, en Irak, en Jordanie et au Liban alors que les dons se tarissent.