Résumé de la 35e partie - En regardant ses cuisses, Chantal pousse un cri de joie : les petites taches roses et ovales ont disparu... Il en était. de même pour les taches du dos. Après un examen attentif, Chantal dut constater que son corps ne portait plus aucune marque. La nuit d'amour l'avait débarrassée à jamais du mal hideux ! Et son compagnon lui avait donné une adresse précieuse : elle irait quand même à l'hôpital Saint-Louis pour se faire examiner. Mais elle était sûre à présent que ce vieil âne de professeur s'était trompé ! Elle en aurait la preuve une heure plus tard. Ce n'est pas parce qu'on est compétent qu'on est infaillible. C'était la première fois de sa vie que Chantal franchissait le portail d'entrée d'un grand hôpital. Elle ignorait absolument qu'elle pénétrait dans l'un des monuments les plus célèbres du vieux Paris ; les bâtiments antiques et noirâtres donnaient une impression de musée, mais nullement l'envie de s'y faire soigner. Quand elle avait demandé avec une désinvolture voulue, au concierge : «Le pavillon des lépreux ?» et lorsque celui-ci avait répondu «Après la troisième cour intérieure, à gauche !», tout son être avait frissonné : était-ce possible que ces malheureux, fussent gardés et soignés dans un lieu pareil ? Sa surprise fut grande de constater que ce pavillon en briques rouges. était de beaucoup le plus moderne de l'hôpital. Au-dessus de la porte d'entrée, une inscription gravée annonçait aux visiteurs qu'ils se trouvaient devant une fondation de l'Ordre de Malte. Dès qu'elle eut franchi le seuil, Chantal s'arrêta, pétrifiée de saisissement ; le vestibule était encombré par une longue file de malades venus à la consultation matinale, qui avait lieu dans un cabinet dont les parois en verre dépoli empêchaient de voir à l'intérieur. Elle n'osait pas, s'approcher de la file des malades, ni même leur demander le moindre renseignement. L'un d'eux, le deuxième de la file, lui apparut plus atteint que les autres : la peau de son visage s'était épaissie, était devenue surabondante, les parties soulevées restaient séparées par des sillons étroits et profonds ; on aurait dit que la tête avait été ficelée irrégulièrement et que les ficelles avaient creusé des plis. C'était un homme à visage de lion. Une femme, la dernière de la file, était également effrayante : à l'inverse de l'homme lion, la peau et les muscles de sa face étaient atrophiés. Le visage, maigri, se desséchait. Les muscles des yeux et des lèvres semblaient paralysés ; les yeux demeuraient perpétuellement ouverts, avec un regard atone et fixe ; la bouche aux coins tombants, était inerte, lugubre. L'ensemble de la face était morne, raide : cette malheureuse n'était plus qu'un cadavre ambulant. Ces gens-là avaient vraiment la lèpre. (A suivre...)