Résumé de la 37e partie - L'interne, en attendant l'arrivée du Dr Ramelot, lui fait visiter l'hôpital. Chantal se présente comme une journaliste désirant en savoir plus sur ces lépreux... Je suis correspondante de journaux étrangers, répondit rapidement Chantal. — Il ne me paraît pas mal que l'étranger apprenne l'effort considérable fait ici pour traiter la lèpre.. Ce pavillon est probablement le plus moderne d'Europe. Si vous le voulez, nous allons commencer par le laboratoire. — Tous ces malades vous attendent ? demanda Chantal. — Ne vous inquiétez pas pour eux ! Ils en ont l'habitude... Certains, comme cette petite vieille que vous apercevez là, l'avant-dernière de la file, viennent tous les jours, matin et soir, à la consultation depuis quinze années. Cette femme était déjà en traitement à l'hôpital Saint-Louis avant la construction de ce pavillon.. C'est l'une de nos plus vieilles pensionnaires. — Elle doit être terriblement contagieuse ? — Oui et non. Ne croyez pas que les malades chez lesquels le mal se manifeste de la façon la plus visible soient les plus contagieux... Depuis que je suis dans ce service, j'ai connu chez cette brave femme deux périodes où elle n'était plus contagieuse. Nous ne croyons guère, ici, à la guérison définitive ; nous attendons sans cesse la rechute après laquelle le traitement est encore plus avare de résultats. Malheureusement, même quand un de nos malades n'est plus contagieux, nous ne pouvons pas le mettre à la porte. Qui voudrait de cette pauvre femme dont le visage est défiguré, le corps tuméfié et les membres rongés ? Sa famille l'a rejetée délibérément : on comprend assez qu'elle ne veuille pas s'encombrer d'un fardeau hideux et de risques éventuels en cas de rechute. Aussi nous la gardons ! Elle fait, en somme partie du «fonds de commerce» du pavillon. Chaque léproserie possède ainsi un certain nombre de clients, qui s'y trouvent très bien et qui ne voudraient pas changer de place pour tout l'or du monde ! Chantal écoutait son guide avec effarement. Se pouvait-il qu'il existât des êtres humains, dont la seule ambition était de finir leurs jours dans cette atmosphère de putréfaction lente ? Voici le laboratoire, lui dit l'interne en ouvrant une porte. Ces collaboratrices dévouées y travaillent depuis des années, sous la direction de biologistes, pour traiter le bacille de la lèpre, qui est assez semblable à celui de la tuberculose. Quand un cas de lèpre nous est signalé, c'est ici, que nous le déterminons d'une façon rigoureuse en appliquant aux bacilles de la lèpre la coloration par la fuchsine et le violet de gentiane, qui s'était montrée si utile pour l'étude du bacille tuberculeux. — La réaction est infaillible ? — Si quelqu'un a la lèpre, nous le savons en quelques minutes. (A suivre...)