Dégradation - La mauvaise gestion et la complaisance de certains responsables ont transformé El-Kettar, un des plus vieux cimetières d'Alger, en un véritable dépotoir. L'état de dégradation et de saturation a atteint son paroxysme à la fin des années 90. A tel point qu'il n'y a plus de passages entre les tombes. On compte 1 263 tombes sur les seules allées de ce cimetière. Ce cimetière connu des vieilles familles d'Alger, érigé en remplacement du cimetière de Sidi Abderrahmane, détruit en 1830, connaît un sort qu'il ne mérite pas de par son histoire et la place stratégique qu'il occupe. Le troisième cimetière, créé dans le cadre de l'extension d'El-Kettar, est, lui aussi, saturé depuis vingt ans à tel point que les autorités locales avaient envisagé, à un moment donné, de le fermer. Le manque d'espaces au niveau de cette nécropole fait qu'actuellement, il est quasiment impossible d'y mettre un pied sans piétiner une tombe. «Tout le monde veut être enterré à El-Kettar car il est proche de plusieurs quartiers d'Alger Centre. Les habitants de La Casbah, Bab El-Oued, El Biar souhaitent tous être inhumés dans ce cimetière pour sa proximité et du fait qu'il rassemble toutes les vieilles familles algéroises. Cet engouement a poussé certains responsables à faire du business sur le dos de la douleur des familles endeuillées. Il est même arrivé que des bouts de terrain ont été vendus, à l'intérieur de ce cimetière, pour l'ouverture d'un carré», raconte Farouk Zargaoui président de l'Apca. Cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre au début des années 2000, a pris fin avec la destitution des responsables directs de ce cimetière. Les démarches de l'association APCA auprès des services de la wilaya pour trouver une solution à cette situation qui sévit dans ce cimetière, sont restées sans écho. L'APCA a notamment proposé le déplacement des tombes ce qui s'avère une tâche très compliquée de l'avis même de l'association. «Le travail est fastidieux. Il n'est pas facile d'obtenir l'aval des familles concernées. Personne ne veut voir les ossements de ses proches déterrés et déplacés. Mais c'est encore plus complexe pour les tombes anonymes dont beaucoup remontent aux années 90. Le déterrement des tombes demande la présence du procureur pour le bon déroulement de l'opération dans le respect des règles en vigueur et du défunt», explique M. Zergaoui avant d'attirer notre attention sur ce qui se passe dans ce cimetière érigé sur un terrain accidenté nécessitant de surcroît un entretien régulier. Il rappelle dans ce sillage, les inondations qu'a connues la capitale et qui ont causé le déterrement de plusieurs cadavres. «Certains ossements sont arrivés jusque sur la route avec l'effondrement d'un mur de la clôture», raconte notre interlocuteur condamnant l'inertie des responsables concernés. «Nous avons adressé des rapports à toutes les autorités dans lesquels nous avons signalé les différents dépassements observés dans cet espace. Les incivilités, toutes catégories confondues, l'ont transformé en un réel dépotoir », déplore-t-il. On y trouve de tout. Des sachets, des bouteilles en plastique, des gravats, des bouteilles d'alcool. Des tombes sont vandalisées et des personnes sont agressées. Soucieuse de sauvegarder ce lieu et par respect à nos morts, l'Apca organise de temps à autre des campagnes de volontariat pour son désherbage et le ramassage des déchets en attendant une attention particulière des autorités concernées.